lundi 1 mai 2023

Vivre : la muse de la poésie

 
La Femme / Giacomo Grosso / Palazzo Mazzetti / Asti
 
Elle déboulait sur le perron juste au moment où nous arrivions. Il devait être 16 heures, mais elle semblait être prête pour une soirée habillée : longue robe un brin froissée, décolleté très échancré, escarpins noirs, fond de teint épais et chevelure platinée. Elle nous a dit être venue préparer la "cérémonie du 21 mai". Comme nous ne semblions pas comprendre, elle nous a tendu sa carte : lors de cet événement, un prix lui serait décerné. Elle a ajouté : un prix de poésie, car elle était poétesse, éditrice et grande amie du comte héritier de la propriété (ce comte, que nous n'avons jamais vu, paraissait avoir un nombre incalculable d'amis, enfin : d'amies, nous ne cessions d'en entendre parler). Elle-même, mi-Calliope mi-Erato, venait régulièrement trouver l'inspiration au fond du parc sous un grand chêne en majesté.
Naturellement, nous étions invités. Elle nous priait de venir assister à son heure de gloire. Malheureusement, à notre grand regret, nous avons dû décliner.
Plus tard, en googlant son nom, nous avons découvert son site, lequel nous a appris qu'elle était l'autrice de nombreux livres de poésie amoureuse, proposés en autopublication, et qu'elle avait créé il y avait quelques années un fameux prix littéraire dont elle présidait le comité et dont elle avait été la première lauréate. 
Le phénomène de l'autopublication, on connaissait. Nos amis et les amis de nos amis sont des gens terriblement doués. Mais le fait de s'autoprimer au cours d'une cérémonie très privée, ça il fallait l'inventer! Nous l'avons chaudement félicitée. Viva la vita! Viva Pisa! Viva la poesia!
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire