samedi 31 août 2024

Vivre : les infidélités de la mémoire

 

Quand je l'ai aperçue, au centre du centre de la ville, il m'a semblé retrouver une vieille connaissance, même si je ne l'avais approchée que quelques semaines auparavant.
Quant à la femme, croisée dans le hall de l'hôtel, puis en ville, dans une salle ou sur une terrasse, avec qui j'avais échangé deux ou trois banalités à la table du petit-déjeuner, la femme au visage quelconque, à la voix insignifiante, dont la silhouette s'effaçait dans les ruelles, c'est en quittant la ville, traversant le pont en direction de notre voiture, que j'ai soudain réalisé que je la connaissais, que je connaissais son prénom, ainsi que son métier, puisque il y a quarante ans, nous avions suivi la même formation, dans la même école, pendant trois années. 

lundi 26 août 2024

Regarder : le monde qui change

 

La photographie ne peut pas changer le monde, mais elle peut montrer le monde, surtout quand le monde est en train de changer.  
La photographie peut apprendre à voir, peut donner envie de voir, et ainsi donner le goût de vivre.
 
Tant de choses à considérer, tant d'univers à découvrir, 
- des vies, des vies, des vies -
et quelques jours pour les approcher...

dimanche 25 août 2024

Vivre : des virevoltes par milliers

 
Madone en majesté avec enfant (détail) / Cecco di Pietro / Museo San Mateo / Pisa
 
Les papillons blancs dans les champs de luzerne : des lucioles que le jour a capturées.

samedi 24 août 2024

Voyager : ici comme ailleurs

 
Sur la plage de Viareggio / Philippe Klein / 1906 / Landesmuseum Hannover
 
Le voyage est un concept élastique et vague. Voyager reviendrait à parcourir une certaine distance, pendant un certain temps, pour aller vers un lieu relativement éloigné et éventuellement en revenir. C'est du reste ce qu'indiquent les dictionnaires.[p.53]
 
Voyageurs en chambre ou voyageurs aveugles, desquels peut-on affirmer qu'ils voyagent vraiment ? Dans le premier cas, on voit l'ici comme l'ailleurs, dans l'autre on voit l'ailleurs comme l'ici. [p.62]
 
Renoncer aux voyages / Juliette Morice / chap. Problèmes de définition / PUF / 2024
 
Alors que, de manière tout à fait inhabituelle, j'avais installé mon fauteuil rouge sur la terrasse intérieure, face aux crêtes et aux voiliers, et que me parvenaient les coups de sifflets d'enfants farceurs et de marteaux d'un chantier naval, que çà et là j'entendais les lézards avides de territoires se courser entre les lattes, il m'a semblé trouver au paysage quelque chose de Sète, quelque chose d'Ibiza, une vue du lac Trasimène, une perspective méditerranéenne, et je me suis dit que voyager, c'est peut-être tout simplement adopter un autre point de vue, et soudain là, enfouie dans mes coussins, fascinée par mon bouquin, immergée dans toutes mes sensations, je n'avais plus aucune envie, plus aucun besoin  d'aspirer à la moindre destination.
 

vendredi 23 août 2024

Vivre : prends tout ce qui t'inspire

 
Paysanne portant des fruits (détail) / Nicolas Tournier / Coll. Bemberg / Toulouse
 
Et voici donc l'automne qui s'est invité. Il nous est même tombé dessus sans crier gare, avec une désinvolture qui nous a étonnés. Quelque chose de nouveau dans l'air une lumière le chant de la forêt qui s'est comme tempéré. La vie est là, qui palpite en mode mineur dans le jour qui hésite à se lever. Un renard, puis deux, une biche et les rase-mottes des oiseaux sur la route à la montée. L'automne s'installe les mains pleines, nous tend à profusion ses trésors bigarrés: les prunes pourpre, les tomates cramoisies, les courgettes impériales, les aubergines violettes de mille manières cuisinées. 
 
Sur le ciel lacté la lune timbre s'est collée. Les jours nouveaux nous tendent leurs messages par brassées. Ils nous invitent à un bonheur particulier, teinté de nostalgie et de grands projets. Le bonheur d'automne nous inonde et nous surprend avec volupté. Il nous pousse à échanger, à prendre et rendre ce qui nous a été généreusement donné. Si l'automne entend nous stimuler, il aime aussi nous taquiner, il nous donne des frissons et exige un chandail mais pour ensuite mieux nous faire suer. Cet automne facétieux est décidément ma saison préférée.

jeudi 22 août 2024

Vivre : non!

 
Miss.Tic Présidente
 
Cette illusion de pouvoir tout connaître, tout voir, tout lire, tout englober. Cette illusion portée par des tonnes d'invitations, de sollicitations, de publicités (par des biais de plus en plus alambiqués). Cette folle épopée qu'on voudrait nous voir emprunter. Ce délirant mensonge qui conduirait à toujours se développer. Il n'y a qu'un seul mot à lui opposer : non.

mercredi 21 août 2024

Habiter : une chambre pour une autre

 
La charité de Nicolas de Bari / Giovannie Francesco da Rimini / Le Louvre / Paris
 
La chambre fraîche, confortable, élégante m'a soudain fait penser à ces personnes fiables, pas forcément séduisantes ni forcément admirables, qu'on ne remarque pas ou qu'on ne valorise pas d'emblée, qu'on pourrait presque laisser passer, voire disqualifier, les trouvant fades et sans intérêt. Or, la chambre numéro cinquante nous donnait tout ce qu'on pouvait espérer : un accueil de qualité, un espace où récupérer, une vue sur une place joliment ombragée (dominée par une Madone sous un platane et un saint dans une niche sculpté).
Il y a décidément des chambres - comme des gens - qu'injustement on ne sait pas estimer. On ne sait que les comparer. Parfois, on arrive trop tard à les reconnaître et à les aimer. Et rien que pour cela, cette chambre, on l'apprécia. En partant, on se disait qu'on la regrettait déjà.

lundi 19 août 2024

Vivre : recommencer

 



 C'est la rentrée. Il pleut. Pour un peu on aurait froid. 
C'est lundi de rentrée. On ressort les livres les cahiers. 
Les voitures sont pressées, les visages maussades.
La forêt s'est fâchée - oulah ! - un arbre a craqué.
C'est lundi. C'est la rentrée. On doit tout se raconter.
On enjolivera. On fera comme si. On se mettra au pas.

Vivre : de tout et de rien, mais bien

 
Trois des Sept Arts libéraux / Sandro Botticelli / Le Louvre / Paris
 
Maîtriser le short talk : belle et utile compétence. Dans les transports, dans la rue, dans des files d'attentes, ou lors de dîners où l'on ne sait par quel bout s'approcher. Mais dans le fond, qu'est-ce donc que ce short talk que les Anglais ont si bien su inventer ? La petite conversation. L'échange de banalités ? Ou encore : la capacité de parler de la pluie et du beau temps afin d'éviter des silences gênants (encore qu'actuellement la pluie et le beau temps puissent être des sujets brûlants)? L'aptitude à l'esquive des questions dites "sensibles" et qui pourraient fâcher ? Une certaine audace sociale qui exclurait la timidité ? Que se passe-t-il donc quand on parle de tout et de rien ? Ne serait-ce pas une manière habile de tâter le terrain ? 
Personnellement, j'adore l'expression "meubler la conversation". J'imagine ainsi un vaste espace vide, d'une grande sobriété, où l'on placerait peu à peu quelques mots en guise de mobilier, des bibelots - mais pas trop - destinés à enjoliver. Les goûts et les couleurs étant concernés, on pourrait très vite se retrouver dans des pièces IKEA, ou des salons Louis XVI ampoulés. Selon le décor, on en viendrait très vite à se sentir chez soi. Ou alors à être pris d'une allergie carabinée.
Manier le short talk avec dextérité, dès lors, ce serait être capable de faire dire à l'Autre combien il trouve passionnant ce qui à première vue pourrait nous paraître barbant. Être en mesure d'évoquer la praticité des cuisines suédoises alors qu'on ne cuisine pas, ou de l'élégance des bergères XVIIIe siècle, quand on n'aime que le design danois. Bref, laisser l'interlocuteur aménager les espaces avant de décider si oui ou non on éprouve le désir d'y prendre place.

dimanche 18 août 2024

Voyager : en découverte

 
Entrée / Palais des Papes / Avignon

J'y étais venue souvent, cependant en visite il s'agit souvent de lever les yeux non pas au ciel mais aux voûtes

samedi 17 août 2024

Regarder : murs publics, parfois poétiques, souvent humoristiques

 

 

 
Dans le Palais assiégé, les troupes baladées par 40 degrés d'humidité émanaient des interrogations sur leurs chances de traverser la fournaise et d'en réchapper. KO debout. Regards hagards. Remises à l'ordre des agents voués à quadriller. (A la sortie, R m'a annoncé que la visite avaient déteint en tomate, vermillon et écrevisse sur mon visage SOS.)


De salle en salle, Miss.Tic nous en faisait lire de toutes les couleurs. Idées noires ou lumineuses, rouge sang, passion ou rage s'étalaient le long des pierres impassibles. Peu de regards dans le flux continu pour s'intéresser à la créatrice maniant le slogan et le pochoir avec adresse. Certains la trouvaient de trop, chuchotaient qu'en ces lieux elle n'avait pas sa place. Mais c'était sans doute, pour ces foules en visite dont une majorité n'étaient pas francophones, plus une question de compréhension que de contestation.

 

Parcourant les murs, déchiffrant leurs peintures à fresques, j'aurais préféré les découvrir in situ sur des façades crasses au fond de quelque impasse. Beaucoup copiées, rarement égalées, elles ressemblaient à ces invitées qui dans une soirée se sentent comme un cheveu sur la soupe et qui restent stoïquement adossées coincées figées, espérant happer dans la masse un regard complice. 



Face à ces affiches dont plusieurs faisaient mouche avec humour et classe, quelques exclamations et indignations parmi les troupeaux venus pour le bâtiment historique. Mais réprobation ou attraction, compréhension ou consternation, ce qui était certain en cette veille d'Assomption, c'est que dans ces espaces les présences ne laissait personne, vraiment personne, de glace.
 
 

C'est en fin d'exposition, entre la Chambre du Camérier et la Chambre du Notaire, que sont exposés un ensemble d'archives présentant le processus de recherche et de fabrication de l'artiste (carnets, croquis, calques, vidéos). Les coulisses, en quelque sorte, de ses interventions. Mise en évidence de la poésie et de la force du collectif. Balade au cœur de la pratique de celle qui avait "plus d'une corde à son art". 



vendredi 16 août 2024

Voyager : cours après moi que je t'attrape

 

 
Nous nous dépêchions de le rattraper 
mais l'orage se riait de nos vapeurs
et réduisait en buée nos pauvres efforts

mercredi 14 août 2024

Vivre : cinq

 

Les journées "cinq" ont commencé : cinq heures, heure idéale pour se lever; cinq coqs aux quatre coins du village se mettant à chanter; cinq avions dans le ciel pervenche ramenant des vacanciers; cinq paires d'yeux dispersés dans les prés pour nous observer; cinq mûres mures généreusement tendues par le petit mûrier; cinq douches fraîches pour résister; cinq fruits et légumes au minimum apportés par leur jardinier; cinq lézards aux aguets; cinq destinations rêvées pour quand la chaleur voudra bien céder.
 

mardi 13 août 2024

Vivre : vaste question

 
Vierge en majesté entourée de saints (détail) /Francescuccio Ghissi /Petit Palais / Avignon
 
 
La question est toujours la même : face aux mal lunés et aux détraqués en tous genre, comment se détourner avec fermeté et élégance ? C'est d'une attitude à la fois mentale et pratique dont il est question. Bras croisés, affirmer : passez votre chemin, rien à faire de toutes vos insatisfactions, c'est non, non et non, rentrez dans vos maisons, occupez-vous de vos frustrations !

Vivre : still life / 153

 

Des températures caniculaires et très vite les gens se terrent. Tout juste entend-on des cris, un ou deux coqs dans les parages. Quelque part quelqu'un s'exclame. Une grue désemparée tourne comme un fantôme sur un chantier. Durant nos balades, les rencontres sont rares : deux biches alanguies dans les champs moissonnés que notre présence semble intimider. Deux bicyclettes. Une trottinette. Un, puis deux, puis trois tracteurs. Un renard. Un busard. Un canard. 

lundi 12 août 2024

Vivre : dans le bon sens

 

Portrait de la famille de Ferdinant IV (détail) / Angelika Kaufmann / Museo Capodimonte / Naples
 
 
retomber en enfance... drôle d'expression... alors qu'il s'agit naturellement, parfois obstinément, d'y remonter 

dimanche 11 août 2024

Vivre : et duper les canards

 

nager : en faire le moins possible, le plus lentement possible,
trois fois rien, imiter l'oiseau qui passe, les nuages qui s'effacent, 
la voile qui trace. Plonger dans le bleu comme le sucre dans une tasse.
(veiller tout de même à esquiver les filets et les nasses)
 
 

samedi 10 août 2024

Vivre : ralentir

 
Traversée du fleuve az-Zab al.Kabir près de Mossul / Irak /1935 / Anne-Marie Schwartzenbach / Fonds BNS
 
 
Tu peines. Affreusement. Tu fatigues.
Cesse. Rentre en toi-même. Ralentis.
C'est le désir d'être ailleurs, plus avant,
qui t'épuise. Reviens, lentement, ici.
 
 

vendredi 9 août 2024

Vivre : fin de partie

 
Exceptionnellement : tiré de GettyImages
 
Ce jour-là elle avait  besoin d'évoquer celui qui lui manquait toujours, trois ans après. Elle ne voulait pas entendre ceux qui lui disaient que trois ans, c'est bien assez, que la vie doit continuer. Elle la continuait, sa vie, mais à sa manière, pas forcément seule, ni solitaire. Quand, dans les méandres de la conversation, j'en suis venue à parler de Vicky Payeur, et de son concept de "voisin gonflable", elle a sursauté. Ça lui a rappelé une histoire avec son mec, cet homme qu'elle avait connu à 18 ans, le père de ses enfants, dont elle pleurait encore l'absence.
 
Il avait été un fan de mécanique depuis son adolescence. Déjà apprenti, il faisait des heures supplémentaires à l'atelier pour pouvoir se payer un kart avec lequel concourir. Il adorait les belles carrosseries. Quand la maladie ne lui a plus laissé d'espoir, elle l'avait invité à faire trois vœux, tout ce qui lui ferait le plus plaisir. Son premier souhait avait été de se payer un bolide rutilant, celui dont il avait rêvé toute sa vie. Elle lui a dit OK (de toutes façons, elle avait prévu de le revendre, c'était un rêve à leur portée). Ils avaient trouvé à l'autre bout du pays une occase grande classe, ils étaient partis la chercher en jubilant. Et il avait pu faire quelques tours à son volant, avant de s'en aller vers son voyage sans retour.

Mais voilà : ils avaient (et elle a toujours) un voisin très soucieux de se comparer. Depuis la taille des haies jusqu'à la hauteur des tondeuses en passant par le nombre de pommes dans les pommiers, rien ne doit lui échapper. Quand il avait vu devant leur porte, la belle Lamborghini, il s'était rué sur internet pour vérifier le prix de l'engin (c'est son fils ado, halluciné par l'obsession de son père, qui était venu en catimini lui raconter). Puis, à force de chercher, le voisin avait fini par en dénicher une d'occase, lui aussi, et se l'était payée, naturellement. Il ne devait pas se laisser dépasser. Il l'avait parquée fièrement devant sa maison.
 
Finalement, quand le mec d'à-côté est mort, parti avec son cancer, en ayant réalisé son souhait le plus cher, le voisin s'est retrouvé avec une bagnole qui lui coûtait une fortune en assurances, qu'il utilisait surtout pour aller chercher le pain et accompagner son fils au volley. Alors, il l'a revendue à son tour. Maintenant, une banale SUV noire d'un modèle comme il y en a tant, mais juste un peu plus haut plus grand, est stationnée devant chez lui. Le désir sans compétition, apparemment, ça n'était pas satisfaisant. Le rallye s'arrêta faute de concurrents.
 
J'en suis encore à me demander si cette histoire prête à rire ou à pleurer. Les deux probablement.
 

jeudi 8 août 2024

Vivre : la pluie, du fil, une aiguille

 


orages du matin
ronger son frein
laisser le jardin s'abreuver
trouver un trou à repriser
quelques perles à renfiler
orages du matin
une percée bleue déjà au loin

mercredi 7 août 2024

Vivre : still life / 152

 

 
Je l'avoue. J'ai craqué. J'ai signé pour un forfait. Le plus modeste, à prix cassé, juste histoire de ne pas me compliquer la vie à prépayer. Je l'avoue et je n'en suis pas très fière. J'aurais préférer continuer de résister. Mais tout compte fait, je résiste quand même. Pas question d'être dérangée par d'incessantes notifications, pas question de céder aux applicatives tentations ni de l'utiliser comme moyen de paiement. Il m'arrive ainsi de me balader avec un appareil déchargé, de partir en vacances en oubliant mon câble (et en oubliant de demander à l'hôtel de m'en prêter). Il m'arrive aussi plus souvent qu'à mon tour de laisser cette chose sur sa commode (et de très bien pouvoir m'en accommoder). C'est simple : ce smartphone doit être l'appareil le moins sollicité de la planète (il passe son temps à roupiller, ne sert qu'à téléphoner, envoyer des messages de dix mots grand maximum, surfer très modérément et photographier de manière limitée). Il faut vivre avec son temps, mais quel temps ? Je vis justement avec le mien, de temps, et je tiens autant que possible de le ménager. 
Quand je monte dans le métro ou le train et que j'observe autour de moi tant de crânes et de nuques penchés, tous ces yeux occupés à s'occuper, distraits de la réalité qui les entoure, me viennent toujours de drôles de pensées. Je me demande : si maintenant quelqu'un devait se faire agresser, quel serait le réflexe de ces personnes ? Interviendraient-elles pour défendre la victime ou se mettraient-elle à filmer ? Et leur vision, toujours focalisée sur des écrans, de combien a-t-elle baissé, rien qu'en l'espace d'une année ? 
Bref, j'ai signé pour un forfait. Mais on peut pas dire que financièrement ce soit très intéressant. On est très très loin de l'amortissement.

mardi 6 août 2024

Vivre : la baigneuse

 
Sculpture féminine / Gipsoteca Leonardo Bistolfi / Casale Monferrato
 
La journée était splendide. Le soleil brillait. L'eau avait la température parfaite. Mais la femme a poussé un soupir à fendre l'âme tandis qu'elle ôtait son maillot. "Comme tout a changé!". Puis elle est repartie en paraissant crouler sous le poids de ses souvenirs. La nostalgie : cette chose si jolie quand elle ne pourrit pas la vie. 
 

lundi 5 août 2024

Vivre : derrière soi

 

 
la vengeance ? après en avoir - brièvement - rêvé, autant se mettre à apprendre et à thésauriser


dimanche 4 août 2024

Lire : à l'ombre des polars

 

 
Météo caniculaire. Il est temps de prendre des mesures : 
L'espion qui venait du froid. Trois. Voilà qui devrait suffire.
(avec Oslo, une touche de vent glacé en guise de fond sonore)


samedi 3 août 2024

Vivre : faire fondre la pierre

 Le Lavandou / peint sur le motif / Nicolas de Stael / Coll. particulière


On avance. On vit sa vie. On fait des efforts, on peine. On a des joies aussi. La vie va. On la trouve tout à fait normale. Elle va de soi, cette vie. Et puis un jour, on découvre quelque chose de lourd, quelque chose qui pèse sur le cœur. On prend peur. En allant montrer la chose, tandis que les machines explorent, on prend aussi toute la mesure de cette étrange et drôle de vie. Et quand on sort dans la lumière d'août, une lumière vive, insolente, exigeante, tout prend une autre couleur. La palette s'amplifie. Les arbres, les affiches, les enfants jouant sur les trottoirs. Tout paraît plus bleu, plus vert, plus intense. Rien n'est évident. La pierre sur le cœur a été remise à sa place. Reste la vie qu'on embrasse.

vendredi 2 août 2024

Vivre : les vacances de la caissière

 Portrait de femme / Gino Severini / Galerie d'Art moderne / Palerme

 Elle scanne, lentement, parce qu'elle apprend encore. Elle ne veut pas faire d'erreurs. Elle voit près du tapis roulant sa voisine qui s'avance, bronzée, maquillée, cinquante euros de vêtements bien dégriffés, judicieusement investis, joliment portés. Apparemment elle a su faire les soldes de manière avisée. La voisine lui demande comment se sont passées ses vacances. Le Portugal ? Les plages ?
Elle veille à bien rendre la monnaie. Ce nouveau travail, elle doit absolument le garder. Le Portugal, c'était la famille, des discussions dans la fratrie, mal tempérées par les parents qui prennent de l'âge, et la maison qu'on y construit à la force du poignet, les travaux qui durent, les factures qui pleuvent pour ce projet. 
Elle répond : oui, la plage, oui, le Portugal. Elle peut dire qu'ils sont partis, eux aussi. Les enfants ont eu des vacances. Elle ajoute : on y retourne dans quinze jours. Elle pense à cet aller-retour pour aller solder là-bas le coût des sanitaires, à ce qu'elle va devoir raboter dans son budget pour boucler les paiements de juillet, il y a l'école et tout le matériel à prévoir. Elle se sent lasse. Elle est du reste un peu pâle, sa voisine la trouve légèrement hâlée. Elle, elle sourit bravement, lui tend sa quittance en lui souhaitant une bonne journée puis se tourne vers le client suivant pour se remettre à scanner.


jeudi 1 août 2024

Vivre : danse avec les loups, nage avec les serpents

 
figurines en verre / Musée archéologique / Taranto
 
A cinquante mètres de la rive, la femme a poussé un cri strident. Il est vrai que ça peut vraiment surprendre, si on n'est pas au courant. Une autre baigneuse, un index sur les lèvres, fixait l'horizon d'un air hésitant. Y aller ou pas ? telle était la question. A qui tentait de la rassurer en lui disant que la présence n'était pas venimeuse, plutôt du genre craintive et fuyante, elle répondait que sa peur n'était pas réfléchie. Elle tenait plutôt de la phobie.
Oui les couleuvres envahissent le Léman, de même que les teigneuses méduses gagnent du terrain en Méditerranée. Dès lors, que faire si l'on aime furieusement nager ? Ne pas trop tergiverser. Se lancer. Oser. Oser se retrouver à quelques centimètres de l'énergumène ondulant à la surface. Respecter son habitat et ses habitudes et le laisser s'éloigner tandis qu'on s'en va brasser de son côté.
Heureusement, les eaux de la rivière Aar ont perdu ces derniers jours de leur fureur. Leur débit redevient tout à fait abordable. Dès lors, si l'on préfère l'eau des cours naturels au chlore, aux coups de coude et aux produits solaires, si l'on opte pour les découvertes plus ou moins singulières, y a pas photo : il faut  se lancer.