dimanche 6 octobre 2024

Voyager : de fil en Rimini

 
Façade du Tempio Malatestiano
 
J'étais partie sur les chapeaux de roue. Jusqu'à la veille je n'étais pas sûre de mon choix. J'hésitais, pour un peu j'en tremblais. Rester ou me lancer. Finalement, ma valise s'est faite quelques minutes avant le démarrage. Des affaires jetées à la va-vite entre 7 heures 50 et 8 heures top chrono. Ma météo personnelle était pareille à celle des sites censés êtres fiables : temps incertain, probables averses et orages, mon fleuve, comme tant d'autres là-bas, risquait de sortir de son lit. Nous avons pris la route sous la pluie, longé des montagnes enveloppées dans un brouillard cotonneux qui ne laissait rien entrevoir.
Contre toute attente, une fois les Alpes franchies, nous n'avons rencontré que des ciels prometteurs. La veste imperméable et les bottines tout terrain sont restées sagement au fond du coffre tandis que la route se constellait d'offrandes. Durant tout le séjour, j'ai tourné comme d'habitude sur deux ou trois vêtements légers. Où partir pour éviter les foules ? nous étions-nous demandé quelques jours auparavant. Pas question de nous retrouver embarqués dans des villes mignonnes, enrubannées, parsemées de boutiques et de souvenirs colorés. Où partir, en effet ? Soudain, j'ai eu une illumination : Rimini! Qui, mais qui penserait à passer ses vacances dans ce haut-lieu du tourisme ringard encore aujourd'hui ?
Bien sûr! Rimini. Je gardais au fond de moi la nostalgie d'un été implacable durant lequel nous nous étions retrouvés devant le Tempio Malatestiano désespérément fermé, entourés de blondes touristes russes avides de shopper. Je me souviens m'être sentie alors complètement déplacée, arrivant de Ravenne, parmi ces peaux écrevisse et ces portemonnaies dorés. Nous avions repris la route sans avoir pu entrer et découvrir les merveilles cachées dans l'écrin conçu par Leon Battista Alberti. Mais je m'étais juré de revenir. Pour Giotto, pour Piero, pour Bellini. Cette année allait être la bonne. Notre périple commencerait donc par la ville où naquit le divin Fellini.
 
 
 Portrait de Sigismond Pandolfo Malatesta / Agostino di Duccio / Tempio Malatestiano
 
Sigismond Pandolfo Malatesta devant Saint-Sigismond / Piero della Francesca / Tempio Malatestiano
 
C'est peu dire que la cité nous a ouvert les bras. Son cœur paraissait totalement déconnecté de son bord de mer. Il battait à un autre rythme, avec ses habitants placides paraissant sortir d'un lointain passé. Des images d'Amarcord ou d'anciennes cartes postales émergeaient. Quelques rares étrangers, principalement des cyclistes, déambulaient à la recherche d'une terrasse apte à les dorloter. Les halles pleines de vitalité nous ont époustouflés. Le museo della Città nous a charmés. 
 
Christ mort entouré de quatre anges / Giovanni Bellini / Museo della Città
 
Voir Rimini et mourir ? Que nenni! Notre voyage pouvait enfin commencer. Nous voulions intensément vivre. Nous étions prêts à nous lancer dans ce voyage avec toutes les rencontres, angéliques ou terrestres, qu'il allait nous proposer.
 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire