On
arrive l'esprit vaguement tourmenté, la vue brouillée par une sourde
migraine, une fatigue que l'obstiné mistral a provoquée. Mais comme par
enchantement les pierres se font lénifiantes, invitent au recentrement,
imposent un relâchement. Le ciel assume peu à peu une teinte laiteuse,
redevient innocent.
Impossible d'imaginer ce lieu bondé, débordant de bruits et de rumeurs,
impossible d'imaginer ses monuments dérangés par de troublants visiteurs.
Le silence est ici de mise. La lenteur. Un certain recueillement.
Instinctivement la foulée se fait grave et la respiration légère.
Avance. La lumière t'appelle. Ne crains ni les ombres ni les éclats. Laisse venir toutes les images qui remontent en toi.
Avance. Aie confiance. Le temps n'a plus d'importance et tu sens une étrange force remonter en toi. Approche. Prends place dans les espaces. Ils s'ouvrent comme des réponses devant toi.
Ta tête s'est allégée. Elle bruisse de souvenirs, de vérités qui te
dépassent, de connexions qui s'entrelacent. Tu comprends enfin des
choses essentielles, capitales dont tu pressens qu'elles t'auront quittée si tôt que tu te seras éloignée.
Tu
voudrais préserver toutes ces évidences, mais ces évidences si
puissantes ne sont qu'évanescence et s'évaporent sous tes pas.
Tu t'achemines vers la sortie et tu renâcles. Quelque chose renaude en toi. Tu ne voudrais plus quitter cet endroit. Tu aimes tout ici : le langage des murs, les fleurs, les rares silhouettes, les chants, les frémissements, tout ce qui participe à l'émergence des choses qui existent et qu'on ne voit pas.
Tu t'en vas finalement. Tu t'en vas et tu ne te retournes pas. Tu n'en a pas besoin. Tu souris aux pavés. Tu sais que tu reviendras.
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