mercredi 27 août 2025

Vivre : à livre ouvert

 

"La plage te rappellera que la vie est faite comme ça, qui qu'on soit et quoi qu'on fasse, il y a des marées hautes et des marées basses." (Max Ducos)

A l'arrivée, le paysage s'étend comme une page blanche, qui serait bleue, lisse, incontaminée. Silencieuse.
Ce n'est que deux ou trois minutes plus tard, après quelques brasses dans l'immense bassin, que la vue devient un grand livre pour enfants, quelque chose d'une marée haute, d'une marée basse, qui raconte l'histoire d'un lieu et de ses interactions. 
A chaque fois que la tête émerge dans un long inspir, les rives s'animent : un papa vaillant promenant poussette, labrador et enfant; deux amies vidant leur thermos en discutant à voix basse (tant de choses difficiles que seule l'autre sait entendre, tant d'amis, tant d'amours, tant d'emmerdes pour leurs cœurs palpitants); trois joggeurs blagueurs passant en coup de vent; une femme sortant de l'eau en tremblant et une autre tentant d'y entrer en frissonnant; une balle jaune sur l'herbe verte, un ballon orange sur les ondes célestes; des insultes canines et des excuses humaines; des exclamations américaines; des vociférations russes provoquant un vaste mouvement de désapprobation; des interpellations des conversations un changement de pampers; une dame comme il faut chignon et mocassins contemplant les couches avec dédain. Un coup de foudre soudain entre un élégant Beagle et un Bouvier australien. 
On referme le livre. On s'étend sur le dos On ouvre grand les bras et on ferme les yeux. Le ciel est une page blanche qui pourrait être bleue.
 

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