samedi 16 août 2025

Voyager : Feriae Augusti

 
Façade église de San Piero / Cherasco
 
 
Ferragosto est La fête italienne par excellence. Le 15 août, jour de l'Assomption de la Vierge, est bien plus qu'une fête religieuse, C'est un pont, devenu un long congé, puis carrément une période de vacances étalée sur tout le mois, mais avant tout c'est un état d'esprit. Tout se ferme dans toutes les localités et une majorité d'Italiens, tous ceux qui peuvent se déplacer, se retrouvent sur des sites touristiques, stations balnéaires en tête. Les autoroutes sont encombrées, les plages bondées, les prix deviennent démentiels. Mais tout le monde s'en fiche. Ferragosto est de toutes les conversations :  que va-t-on faire pour Ferragosto ? Où va-t-on aller fêter le Ferragosto? C'est qu'il faut être parti, au moins quelques jours, pendant cette période. Certes, en tant que visiteurs, ce n'est pas la saison idéale pour consommer : il y a de fortes chances pour qu'on se retrouve devant des portes de restaurants, ou de magasins  ou de caves résolument fermées et affichant un panneau invitant à repasser en septembre. La péninsule est à l'arrêt et se fiche totalement de la logique commerciale qui inviterait à faire des affaires quand les touristes affluent. 
 
Il règne dans les villes et les villages un calme extraordinaire, une atmosphère étonnante. Tout invite au repli, au silence, à l'épure. On découvre des sites déserts et ces lieux peuvent porter certains à jouir de la paix enfin retrouvée, d'autres à déprimer. Je me souviens d'un ancien voisin paysan, d'ordinaire plutôt jovial qui devenait grognon pendant ces journées de vide et d'absence. Ferragosto le ramenait à sa condition modeste et il inventait à ses concitoyens ayant fermé leurs volets et devantures des aventures particulières (sans imaginer un seul instant les longues files d'attente aux péages sous un soleil de plomb, la lutte pour obtenir un parasol et deux chaises-longues mal placées, le sable collant et les enfants épuisés qui pleurnichaient). Il se voyait pauvre, se promenant dans ses champs, tandis que la campagne tranquille s'étalait devant lui et que les raisins mûrissaient sous ses yeux, rien que pour lui. Il se voyait pauvre tandis que les tourterelles autour de lui roucoulaient. Pour retrouver le sourire, il lui fallait attendre que tout le monde soit rentré.

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