samedi 16 juillet 2016

Habiter : se croiser



Le chemin qui conduit chez moi est un chemin enchanté. Il se déroule à travers les vignes et sous la forêt en maints virages. J'adore l'emprunter, pour descendre, pour remonter, en toute saison et à toute heure du jour, voir la lumière s'y répandre et se dorer, observer les vols des busards, débusquer les chats à l’affût dans les prés.
On y croise des ânes en balade, des cyclistes motivés, des touristes décontractés, des enfants aussi, en route vers le village.
On y croise aussi de plus en plus souvent des voitures. Et on y assiste à tout type de croisements : il y a les conducteurs pressés, qui foncent comme si, de toutes manières et où que ce soit, la largeur du chemin permettait le passage de deux voitures, il y a les conducteurs distraits (ou arrogants), qui trouvent tout à fait naturel que vous vous soyez rangée de côté pour les laisser passer et regardent droit devant; il y a les désinvoltes pour qui la vitesse au milieu des virages va de soi; il y a les prudents qui veillent  à préserver les renards et les hérissons. Il y a les conducteurs prévenants, qui se rangent dans les places d'évitement pour vous laisser le passage.
Oui, il y a toutes sortes de voitures. Et quand j'échange un signe ou un sourire avec des inconnus, pour dire merci, bonjour, c'est sympa, je vous en prie, je me dis que le chemin qui conduit chez moi est une métaphore de la vie en société.

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