Ce matin, en conduisant à travers la
campagne rêche, nue, blêmie par le givre, j’ai retrouvé la sensation éprouvée
l’autre jour, quand je suis retournée dans l’appartement aux volets
rabattus, où personne ne vit plus.
Je passais seulement recueillir
quelques papiers et prélever de menues affaires. Sous mes pas, je m’en souviens, le parquet s’est mis à croasser.
C’est étrange d’observer un lieu
qui attend. Qui dit l’absence.
Les meubles et les objets, suspendus entre la peine et la résignation, semblaient patienter sans vraiment d’espérance.
Malgré le froid, j’ai ouvert grand les fenêtres.
Ensuite, j’ai osé m'occuper du réfrigérateur, je l’ai entièrement vidé. Les
aliments périmés tombaient l’un après l’autre dans le sac noir. J'ai fait un nœud autour du plastique pour les emporter.
J'ai parcouru du regard toutes les pièces, puis refermé la porte, tourné la clef et abandonné
moi aussi les lieux à leur silence.
Dehors, m'attendait le souffle gris de novembre. Les crissements du gravier m'ont accompagnée tout le long de l'allée. Je me souviens, j'ai vacillé sur le gravier, comme sur une route verglacée.
Coucou Dad. Un billet nostalgique, voire triste. Et ce givre qui recouvre tout, comme la poussière qui envahit les logements vides. Quand je suis entrée avec toi, j'ai ressenti comme toi l'absence et ces meubles qui semblent dire qu'ils s'ennuient. Est-ce qu'un meuble s'ennuie? Est-ce qu'un fauteuil, qui a accueilli des années durant la fatigue de celui ou celle qui venait s'y reposer, peut dire qu'il se sent inutile?
RépondreSupprimerCe serait lui attribuer une sorte d'âme et pourtant, je suis persuadée qu'une maison, un logement a une âme et que celle-ci se retrouve dans chaque objet qui est dans la maison.
Je t'embrasse et te retiens pour que tu ne glisses pas sur le gravier ou la neige fraîchement tombée. Et mes 4 accenteurs alpins, les deux petites mésanges et le gros merle se joignent à moi pour te souhaiter une douce journée sereine.
C'est marrant, que tu en arrives à parler de l'âme des maisons. ça me rappelle ce blog, http://marianneevennou.blogspot.ch/, d'une architecte d'intérieur que j'aime suivre. Oui, les maisons sont le reflet de leurs habitants, de toutes les histoires qui s'y sont déroulées. Nous formons un tout. Les objets ne sont pas séparés de ceux qui les manient ou les utilisent. c'est pour ça, je crois, que je n'aime pas surconsommer, acheter et jeter à outrance. c'est pour ça qu'on devrait veiller à la traçabilité de ce qu'on achète. Peut-on marcher droit dans des Nike fabriquées par des enfants? Peut-on être heureux dans des vêtements cousus par des ouvrières surexploitées? Je suis pour donner de la valeur aux choses comme aux gens, et en valorisant les unes, on respectera les autres.
RépondreSupprimerMa mère va beaucoup plus mal, depuis qu'elle n'est plus dans "ses" meubles. Les choses sont une extension de soi. C'est ce que j'ai ressenti dans le logement vide où personne ne vit plus. Merci pour ta visite, ma chère Dédé, bises à toi et à toute ta volière!
Je suis traumatisé par le billet d'une de mes blogueuses amies qui nous culpabilisait d'aimer la neige bien au chaud chez nous pendant que des gens meurent de faim dessous...
RépondreSupprimerEt pourtant, aimer les beautés de la nature n'est pas mal, et ne veut pas dire que l'on n'est pas plein(e)s de compassion pour ceux qui souffrent, n'est-ce pas ?
Ton beau texte nous rappelle que l'hiver n'est pas toujours scintillant comme neige au soleil mais peut être très gris comme le malheur.
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