Dans Une autre Aurélia, journal qui court sur quatre ans, Jean-François Billeter évoque sa vie avec Wen, après la mort de celle-ci. Il n'y a pas de deuil, mais un autre genre de présence.
Au fil des jours, on le sent s'ouvrir, à ce compagnonnage nouveau, à ses rêves, à des réflexions plus amples sur l'existence :
27 janv. (2016. p.76) : Documentaire sur les crimes hitlériens. J'ai changé. Je comprends mieux le mal dans toute son horreur parce que je n'ai plus peur des grandes émotions. Elles ne sont plus une menace pour moi.
23 mai (p.81) : Ce qu’on n’a pas reçu au début de la vie, il ne faut pas
l’exiger plus tard, mais le donner. C’est
une faute de l’exiger comme un préalable à tout échange, encore d’en faire un
motif de rétorsion ou de vengeance. Il faut donner, réamorcer l’échange. J’en connais
qui ont raté leur vie faute d’avoir compris cela. Certains ont connu des fins
tragiques.
Jean-François Billeter, Une autre Aurélia, éd. Allia
Coucou Dad. Il faut être fort pour survivre à l'être aimé et trouver encore le goût de la vie. Et cette phrase qui dit qu'il n'a plus peur des grandes émotions. C'est magnifique. Je crois que j'ai toujours la trouille de ce qui me dépasse. Il y a encore du boulot!
RépondreSupprimerQuant à donner, sans penser à recevoir, et bien si on arrive vraiment à faire cela, sans arrière-pensée, je crois qu'on a tout compris. Bises alpines ma belle!
J'ai lu et écouté en interview JFB. Je crois qu'il n'a pas du tout l'impression de survivre à son épouse. Pour lui, elle est toujours présente, mais d'une autre manière. C'est toute l'originalité de son regard sur la vie, sur la mort. C'est une vision nouvelle. J'ai été surprise par cette manière d'appréhender la mort. C'est ça, je suppose qui fait qu'il n'a plus eu autant peur. Quant à donner, sans avoir reçu, sans réclamer son dû, c'est vraiment un grand signe de sagesse. Belle fin de journée à toi, dans tes Alpes somptueuses! D.
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