Noble Equipage voyageant sur la plage de Scheweningen / Adriaen van de Velde / Le Louvre / Paris
Entre Frasne et Dole, le train s’est arrêté en rase
campagne. Dans le wagon, les voix, de patientes, ont commencé à se faire de plus
en plus tendues. On a assez vite (enfin, si je puis dire) cumulé pas mal de
retard. Je ne porte jamais de montre, mais à la manière dont les gens prononçaient
le mot "correspondance", je pouvais mesurer la durée de l’attente. On
entendait résonner comme un leitmotiv : "quelle correspondance ?" "pas de correspondance !" "plus de correspondance !!!".
Apparemment, la SNCF payait un employé censé passer régulièrement pour tenter de fournir
des réponses (qu’il n’avait pas) et détendre avec des semblants d'explications souriantes la nervosité qui commençait
à prendre comme une mayonnaise bien dense .
Dans la voiture bar, R. a salué un sympathique barbu.
C’était un ancien collègue qui se rendait à Paris pour accompagner son amie à un
concert le soir-même. Il n’avait pas l’air très enthousiasmé. En ce qui le
concernait, le retard, il s’en fichait. L’essentiel pour lui était de parvenir à la fin du concert. J’ai oublié le nom de l’artiste en question. Selon lui, c’était un chanteur dépressif suicidaire canadien.
Assis dans la voiture 17, un groupe d'habitués enrageaient au téléphone et exprimaient en termes peu châtiés leur aversion pour la compagnie qui nous véhiculait.
Une vieille femme afghane, réfugiée en Suisse, prenait
son mal en patience. Elle partait réaliser son rêve de toujours : voir la
tour Eiffel. Elle était montée dans le train avec une amie dans ce seul but :
découvrir la célèbre tour. Alors, franchement, deux heures de plus ou deux heures de
moins…
Je lisais un livre qui évoquait un épopée vers de grands espaces
lointains. De temps à autre, levant les yeux, j’apercevais des forêts, des rangées d'arbres, et un
renard qui traversait les pâturages. Je me voyais en train de faire mon voyage, je me disais : ces arbres et ces renards en font partie, ça prendra le temps que ça prendra. Je crois n’avoir jamais vu autant de renards que ce jour-là.
Est-ce que tu as vu des corbeaux avec des fromages?
RépondreSupprimerDes corbeaux, oui. Des fromages, non. Juste des sandwiches SNCF, qui jonchaient le sol glacé, dont les voyageurs ne voulaient pas, et dont les oiseaux ne désiraient pas non plus faire leur repas. Bon lundi, chère Dédé!
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