Fabienne Verdier est une artiste
contemporaine atypique. Elle a décoré entre autres une salle du palais Torlonia
à Rome avec d’immenses traits rouges sur fond bleu cyan. Pour ce faire, elle
s’est fabriqué spécialement un énorme pinceau. Elle l’a créé avec 30 queues de
cheval, et l’a suspendu à une poulie, en le projetant sur des plaques au sol,
qu’elle a appliquées ensuite sur deux parois du palazzo. Le résultat est
spectaculaire et totalement détonnant.
Fabienne Verdier s’est formée à la calligraphie dans les années 1980.
A l’âge de 20 ans, diplôme des
Beaux-Arts de Toulouse en poche et déçue par l’enseignement académique dispensé
en France, elle décide de partir en Chine, dont elle admire la pensée et l’art
traditionnel. Une fois arrivée dans la lointaine province du Sechuan, où elle a
obtenu une bourse, elle se découvre la seule étrangère. Au début, sa démarche
est mal comprise. Elle ne saisit pas pourquoi personne ne lui parle, elle est
totalement isolée. Jusqu’au moment où elle découvre qu’on a écrit en chinois
sur sa porte : défense de parler à
l’étrangère. Mais, malgré les difficultés, le froid, la solitude, elle
tient bon. Elle supporte ces conditions spartiates par passion pour l’art
qu’elle veut apprendre. Elle se fait peu à peu des amis. Et surtout elle
rencontre des enseignants qui acceptent, non sans risques, de lui apprendre
leurs techniques ancestrales.
Elle constate peu à peu les ravages de la révolution
culturelle : le fonctionnement totalitaire et absurde en vigueur dans
l’université, la vie quasi-carcérale infligée aux étudiants, le rejet violent
des traditions, les humiliations et les tortures subies par les vieux maîtres
détenteurs de traditions millénaires.
Partie pour une année, Mademoiselle Fa, comme on l'appelait là-bas,
est restée dix ans en Chine. A son retour, elle a développé une œuvre
originale, trouvant des voies nouvelles pour créer des ponts entre la tradition
occidentale et l’art oriental. A travers ce récit autobiographique, on apprend
beaucoup sur l’histoire contemporaine de la Chine, sur les exigences de la
création, et sur la trajectoire d’une femme au caractère aussi bien trempé que
ses pinceaux.
Passagère du silence / Albin Michel / 2003
Fabienne Verdier. Palazzo Torlonia / Xavier Barral / 2011
C'est étonnant et détonnant. Et finalement ce rouge me plaît. Et la démarche de lier deux cultures aussi. Bises italiennes fatiguées.
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