vendredi 11 mai 2018

Vivre : une course, des courses

Centre de Lourmarin

Manquer de deux ou trois bricoles. Entendre la cloche de l'école qui sonne. 
Enfourcher le vélo en direction du village voisin. Effleurer les boutons d’or et les marguerites au bord des chemins. 
Être effleurée par une fourgonnette. Faire un signe à la postière. Pédaler de bon cœur.
Constater que les moutons ont encore déménagé. 
Longer le pré où les trois Zoés (jamais réussi à les distinguer) promènent leur élégance de bovidés. 
Entendre mille chants. En écouter quelques uns. Bifurquer à droite. 
Croiser deux copines en balade (papotages et rythme chaloupé). 
Croiser deux femmes concentrées sur leur nordic walking (vitesse, bâtons et matos fluo intégrés). 
Croiser le vieux monsieur qui s’exerce sur ses deux cannes. Caresser des yeux les trois ânes. 
Saluer un couple avec un chien, qui répond en souriant. Saluer un couple sans chien, qui répond pareillement. 
Saluer un jeune randonneur, qui fonce droit devant. 
Apercevoir de loin la silhouette d'un vagabond émergeant de buissons. 
Réaliser de près qu’il s’agit d’un amateur de muguet jubilant de ses trouvailles. Sentir mes muscles qui travaillent. 
Fredonner une chanson. Déplorer l'entretien coupable d'une pauvre maison. 
Sentir la brise carillonner sur mon visage. Ralentir dans un virage. 
Profiter d’une descente, mais freiner brutalement, car un bourdon pris dans ma tignasse en vrombit d'indignation.
 Embrasser le paysage lacustre du regard. Basculer dans un océan de jade. 
Admirer tous ces champs déroulés comme des Mondrian géants. Ou comme des Picasso. Ou comme des Rothkos.
 Déboucher sur la nationale et prêter attention : les camions, les travaux, les signalisations. 
Tourner à gauche, tourner à droite. Atteindre enfin la mini surface qui vend de tout pour trois fois rien. 


2 commentaires: