Période critique dans l'année : quitter les rivages de l'heure d'été. L'heure d'hiver, ce n'est rien, rien qu'une heure, juste soixante-minutes escamotées, et pourtant ce sentiment à chaque fois d'un long et sombre tunnel à traverser. Faire semblant de ne - presque - pas le remarquer. Et pourtant avoir le pressentiment d'entrer dans le monde de la nuit, envahi par la pluie, le repli, les feuilles qui tourbillonnent, les tapis, et le soir qui tombe toujours trop vite.
Chaque année, arriver préparée : les grands cercles de lumière allumés face au paysage assombri, les bougies, les recettes ressorties censées nous réjouir nos estomacs, ces repas plus lourds pour mieux nous ancrer dans la saison à traverser, et cette joie de retrouver les pullovers oubliés, les manteaux, les bottines, se rechercher et se retrouver des élégances remisées. Il n'empêche : ce long tunnel de l'hiver et du froid qui nous sera imposé jusqu'à mi-février, ce tunnel à affronter avec force romans et tasses de thé, qu'il est long, et seul le vent, le vent d'hiver, sauvage et ensoleillé, comme ce matin, cheveux en bataille, poumons suroxygénés, saura nous consoler de ces minuscules soixante minutes envolées.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire