Il y a, lors de chaque retour, ces vingt-quatre (ou ces quarante-huit) heures durant lesquelles on tâche de réattérir. Que l'on soit parti en avion ou en voiture, il s'agit toujours de toucher terre. Alors que le mental navigue entre l'ici et l'ailleurs, le corps tente de s'affairer pour retrouver ses repères. C'est peu dire qu'on est dans l'entre-deux : en vérité on tangue en veillant à récupérer un quotidien rassurant tandis que les souvenirs vont et viennent et que les évocations affleurent.
On transfère les photographies sans prendre vraiment le temps de les regarder, puisqu'il faut déballer, ranger, laver, trier, examiner le courrier, reporter tout ce qui ne relève pas de l'urgence, se féliciter du fait que tout se soit en fin de compte bien déroulé, ici, là-bas, aucune mauvaise nouvelle (veillant encore un peu à ne pas se prendre de plein fouet les infos de l'international), arroser le basilic et susurrer des mots doux au rosier, constater que l'arbre mutilé cet été s'est bien revigoré et que la forêt est en train de prendre de belles couleurs mordorées. Frissonner aussi. Rappeler à soi les images et les aventures.
Ce qui est amusant, ce sont les deux moments qui émergent en premier, d'un genre terriblement différent: le premier, au cœur d'un monstre bouchon sur l'A14, autoroute bloquée, hélicoptères, la manière dont on s'est vue obligée d'improviser des WC dans la voiture, à l'abri des regards, en gardant un semblant de dignité (merci, ô merci, gamelle du chien d'avoir contribué à la réussite de cette opération risquée) et le second, quand on a été estomaquée par les merveilleux serpents courant le long de la porte de la cathédrale romane d'Osimo, une découverte inondée de lumière.
Voyager, c'est être constamment confrontée à des situations très concrètes et en même temps se voir transportée vers des beautés surréalistes. Ce sont des alternances d'expériences très terre à terre et d'autres où l'on se sent tutoyer les étoiles. L'instinct de saisir l'appareil n'intervient heureusement qu'avec ces dernières...
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