Royal Smushi Café / détail tapisserie / CPH
Au
comptoir, elle passe lentement en revue l’alignement des thés. Son visage semble tout droit sorti d’une Annonciation de Fra Angelico. Elle choisit avec la même
délicate attention la pâtisserie qui fera son goûter. Le serveur lui tranche
une généreuse part de ces tourtes bombées qui se déclinent toutes ici en pastel.
L’homme qui l’accompagne lui ressemble. Au prime abord ce pourrait être son
frère. Mais il est décidément trop âgé. Son père s’est donc libéré en ce début
d’après-midi pour venir la fêter. Elle ouvre avec précaution le joli paquet qu’il
lui tend et découvre un débardeur rayé. Elle se penche radieuse sur sa tasse et
souffle sur les volutes. Elle a le bonheur candide. Une poupée que la vie a
ménagée. Seize ans. Peut-être moins.
Tout à coup, on se prend ardemment à souhaiter que
la vie soit clémente, que ce visage de porcelaine, cette innocence de
porcelaine, ce regard de porcelaine, rien ne vienne les fêler, les ébrécher,
les casser. Tout au plus joliment les patiner.
Voir des inconnus et imaginer leur vie, leur espérer un printemps éternel, c'est une belle occupation que l'on devrait pratiquer plus souvent. Ce petit billet m'émeut. Si on faisait tous ainsi, ce serait bien plus simple. Tout simplement...
RépondreSupprimerOh!là là, dans la rue, dans le train, dans les aéroports, je n'arrête pas d'observer les gens et de leur dessiner mentalement une vie. C'est un réflexe, une passion. C'est fascinant et surtout, je ne m'ennuie jamais! Bon lundi! D.
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