lundi 23 juillet 2018

Habiter : le jardin accablé


ange tenant un rameau d'olivier / Hans Memling / Le Louvre


C’était un homme tout sourire. Il y a quelques années, devant sa maison, il avait amoureusement créé un superbe jardin épuré. Il avait mis tout un été à l’aménager : le bouddha, les bambous, le gravier blanc, les sentiers. Le résultat était magnifique. On aurait voulu s’installer dans ce lieu béni, face au lac, pour méditer. Ou peut-être seulement pour rester là, et se sentir expirer.

C’était un homme lumineux qui aimait sourire et il souriait quand on le complimentait.

Au printemps, cette année, le jardin a paru soudain abandonné : les feuillages secs, les allées négligées. En juin, on a réalisé qu’on n’entendait plus les deux chiens aboyer. Il n'y avait plus qu’un seul chien, silencieux, couché. Une seule voiture désormais devant l'entrée.

On ne voit plus que l'homme, à présent, et, quand on le croise, il ne sourit plus quand il salue. Sous le saule pleureur, le Buddha de pierre continue de se tenir debout. Il garde ses deux mains jointes sur son cœur. Il regarde les bambous découragés. Il sait que tout est impermanence. Il se tient paisible dans le silence.

2 commentaires:

  1. Le saule pleureur sait... et le Buddha aussi. Et nous, nous ne pouvons qu'imaginer. Ah, si les saules pleureurs pouvaient parler. Bises alpines.

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  2. Constater. Décrire. Imaginer. Belle après-midi, chère Dédé !

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