mardi 3 juillet 2018

Vivre : retour à la case départ



Duccio di Buoninsegna / Maestà del Duomo (dett.) / Massa marittima

Je viens d’apprendre que cet homme, cet homme rencontré il y a deux ans un samedi de juin, ce vigneron plein de vitalité et d’entrain, qui nous avait raconté sa trajectoire et ses projets autour d'une bouteille et dont la faconde m’avait inspirée à tel point que j’en avais rempli une page entière dans mon journal le lendemain, qui apparaissait comme travailleur, baratineur, vital, latin, cet homme qui tendait le bras et balayait les vignobles alentour de la main, cet homme dont je me souviens quasiment tous le jours pour un détail insignifiant parce que ce matin-là il m’avait indiqué une herbe à curry dans son jardin, et que j’en ai planté une depuis dans le mien, cet homme vient de mourir le deux juin. Un mélanome malin.

A chaque  fois, me prendre une gamelle, subir une déferlante de tristesse, d'angoisse, de regret. A chaque fois, entendre au fond de mon estomac l'exclamation "merde", le sentiment d'injustice et la rage qui gronde. A chaque fois, me retrouver simplement, cruellement mortelle. A chaque fois, ressentir l'envie de dépenser, de conquérir, d'oser, de déchiqueter tous les impossibles.

A chaque fois, cette impression de n'avoir pas encore su apprivoiser la mort. A chaque fois, comme au jeu de l'Oye. 

2 commentaires:

  1. Coucou ma chère Dad. Peut-on vraiment apprivoiser la mort? Je ne sais... Il te reste maintenant le souvenir et puis cette envie de vivre et aussi...cette herbe à curry. Bises alpines affectueuses.

    RépondreSupprimer
  2. En fait, j'ai toujours cru que les années pouvaient apporter cette sagesse qui permet l'acceptation de ce qui est...dont la mort. Mais... je n'y suis pas encore. De loin pas! Belle aprem, chère Dédé!

    RépondreSupprimer