mercredi 17 octobre 2018

Vivre : rentrer du Sud





Le dimanche soir, à la gare de G., je suis entrée dans une brasserie attendre ma correspondance, prise par ce mélange de mélancolie et d'impatience lasse qui marque la fin de tous les voyages. J'ai repensé à cette chambre au Sud, donnant sur une rue trop empruntée, cette chambre bleue et or qui m'avait protégée le temps d'une escapade. J'ai repensé à tous les SDF allongés, dans leurs lofts à ciel ouvert, à tous les visages, à tous les marchés, aux couverts en argent qu'on avait failli acheter et à toutes les épices dont on ne s'était pas privés. J'ai repensé à cette ville classieuse et encrassée, ouverte sur toutes les turbulences de la Méditerranée. Ces magasins de téléphonie, ces épiceries, avec leur tas de chaussures couvrant leur devanture, et dedans les hommes en prière, entassés, absorbés (bien sûr, on était vendredi, on avait oublié). Cette vieille algérienne perdue, pâle qui avalait en automate ses merguez au fond de la Goulette bondée. Les tables si différentes auxquelles on s'était rassasiés. Cet air qui sentait fort la mer et ces rues qui sentaient les monoxydes à plein nez. J'ai failli m'endormir dans ce flot de souvenirs.

Dans le train, enfin, comme à chaque retour, mon regard s'est reposé sur les crêtes du Jura, cramoisies, qui défiaient splendidement la nuit. J'ai profondément expiré et puis j'ai senti monter la joie. Oui, cette joie intense qui me prend toujours à l'idée de rentrer me lover dans ce nid pépère où les colverts aiment hiberner.

2 commentaires:

  1. Ah! Marseille! Une très belle ville avec un magnifique port. J'y ai passé plusieurs jours il y a quelques années en arrière avec deux copines. On voulait se rendre au Mucem en fin d'après-midi mais on s'est arrêté sur une terrasse dans le quartier du Panier vers 15h00 et on est reparti vers minuit, peu sûres sur nos pattes car les verres de rosé se sont multipliés. On a fait la connaissance de plein de gens, un vieux marin, un repris de justice, un maçon et sa maman qui est descendue dans la rue avec ses bigoudis pour voir ce que faisait son gamin... de 35 ans. :-))
    Un grand moment de convivialité.
    Le samedi, on avait décidé d'aller au marché aux puces dans les quartiers Nord. Un moment ethnologique... peu rassurant finalement.

    Et quand on rentre et qu'on voit les crêtes du Jura ou celles des Alpes, on revit tout cela avec un brin de nostalgie mais avec la joie de retrouver notre coin tranquille.

    Bises de plaine.

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  2. J'adore cette ville dont tu décris bien les expériences qu'on peut y faire... plein de rencontres, car les gens y sont très ouverts. Curieusement, je m'y sens toujours en confiance. Cette fois-ci j'ai rencontré des clochards qui étaient de vrais seigneurs... quant au Mucem, il vaut le détour, car la mise en valeur des espaces antiques par du contemporain est pleinement réussie. C'est fou ce que j'ai aimé y aller. C'est incroyable ce que j'aime rentrer. Très belle soirée, chère Dédé!

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