dimanche 17 avril 2022

Regarder : Keith is back

 
Tuttomondo / Couvent de Sant'Antonio / Pise

Je suis assis sur un balcon et je regarde le sommet de la tour penchée.
C'est vraiment  très beau ici. S'il existe un paradis, j'aimerais qu'il soit ainsi.
 
Je n'ai jamais été une inconditionnelle de Keith Haring, mais l'occasion était tentante d'aller découvrir ses œuvres exposées au Palazzo blu, sur les rives de l'Arno. Contre toute attente, la visite fut impressionnante. Nous en sommes sortis secoués, les yeux éblouis (un peu humides aussi). On devrait toujours s'efforcer de mieux connaître ce qu'on croit connaître et surtout ce à quoi on se croit indifférent. L'artiste à la dégaine de gamin déluré, rappelant vaguement Woody Allen à ses débuts, portait en lui une énorme charge vitale, un instinct de battant, une aspiration à la justice sociale qu'il a développés jusqu'au bout (il a réalisé ses dernières lithographies, The Blueprint Drawings, un mois avant d'être emporté par le SIDA en février 1990).
 
 
L'exposition constitue en quelque sorte un retour de l'artiste à Pise, trente-deux ans après qu'il était venu y réaliser une peinture murale, au couvent Sant'Antonio. En effet, en 1987 à New York, il avait rencontré fortuitement  un jeune Italien, Piergiorgio Castellani, qui lui avait proposé un peu par jeu de venir dans son pays exécuter un projet de grande envergure. Keith Haring, qui avait déjà réalisé plusieurs fresques murales, avait finalement relevé le défi en juin 1989, quelques mois avant de mourir. 
Le projet, intitulé Keith Haring Italian Project, est le résultat d'une collaboration chorale : Castellani est à l'origine de l'invitation à Pise; l’Église mit à disposition la paroi nord d'un de ses couvents, situé au centre ville; la Commune et la Province coordonnèrent le projet; enfin, plusieurs étudiants universitaires vinrent prêter main forte pour l'application de la peinture.
 

 

Aujourd'hui, cette réalisation fait partie intégrante de la cité toscane. Ludique et harmonieuse, elle contribue à la rendre encore plus vivante et joyeuse. Le souhait du peintre s'est réalisé : "J’espère qu’un jour les gars qui passent leur temps dans la rue s’habitueront à être entourés d’art et qu’ils pourront se sentir à l’aise s’ils vont dans un musée. "
 

 

2 commentaires:

  1. Il y a beaucoup de choses sympas chez cet artiste. Je préfère les petites œuvres que les grandes fresques. Ol a une gentille manière de se moquer de bien des choses en relativisant et/ou interpellant.
    Il m'a toujours évoqué la série télé des années 1970/80 : « la linéa » (d'origine italienne d'ailleurs) qui faisait les délices de mes enfants. Tu connais certainement.
    Sinon c'est ici :

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    1. Oui, au prime abord, KH apparaît comme ludique (proposé en atelier créatif aux enfants, par exemple, le chien, la soucoupe volante, les personnages stylisés, les couleurs). L'exposition le montrait dans sa facette plus profonde, engagée (contre le racisme, pour la démocratisation de l'art) et même sombre (son enfer intérieur, la maladie mortelle dont il était atteint). Un artiste complet, utilisant des formes simples, avec un contenu jamais simpliste.
      Belle et lumineuse journée à toi.

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