On a beau savoir. On avait négligé - depuis quand? - la noblesse des rayons qui balaient d'heure en heure la maison. Et le chien qui réclame son content de caresses le long de son poitrail blondi par la danse des bougies.
Et le son rassurant des voix aimées. Et les notes de Fauré comme une
pluie d'étoiles oubliées, dispersées sur la plage solitaire des matins
d'hiver.
Réaliser encore et encore, de plus en plus souvent, combien il est vital d'être présente à tout ce qui frémit et palpite. L'absolue priorité de l'attention au vivant. On a beau connaître depuis longtemps l'exigence d'être toute à l'instant. Savoir observer les détails apparemment insignifiants qui en disent mille fois plus que les boursoufflures et les postures et les pompeuses explications.
Ne pas se laisser distraire par les inconsistances et les apparences. Rester chez soi, demeurer en soi. Refuser d'accorder des égards à ce qui n'en mérite pas. Vivre. Rien que cela.
Pour moi, les mois de novembre à février ressemblent à un long tunnel : le matin, encore dans le noir humide de la nuit, départ au bureau, le soir retour dans la nuit déjà tombée. En ville, flaques et restes de neige sale qui collent aux bords des trottoirs, dos rond sous une pluie-neige, bousculades. Les dernières années la période des fêtes pouvait, malgré la pandémie, être un tant soit peu festive : lumières et souhaits de « bonnes fêtes » en travers des rues marchandes. Cette année, rien ou presque : pas de luminaires, rien que le froid humide. Quelques marchés de Noël avec leurs maisonnettes en bois soigneusement alignées qui proposent de l’artisanat, du street food et du vin chaud. A part cela, pas grand-chose. Donc c’est vraiment le tunnel avec des cieux bas et plombants. Mais, ne pas se laisser abattre, ne pas non plus se laisser bercer par les vitrines dorées dans le centre de la ville. Je me réjouis d’allumer les bougies à la maison et beaucoup moins de voir ou d’entendre des dernières nouvelles sur les sites d’informations. Je fais donc partie de toutes celles et ceux qui dès que possible se replient sur eux-mêmes après les heures de travail, dont il m’arrive quelque fois à douter de leur utilité.
RépondreSupprimerGaspard
La traversée des mois d'hiver n'est pas facile : manque de lumière, froidure, restrictions, news déprimantes et méchants virus (cette hausse des cas de grippe cette année). C'est vrai : il faut savoir et pouvoir se protéger, entre deux tunnels à traverser, rentrer à la maison pour y trouver refuge et chaleur. Ici, effet de la crise, on n'a allumé qu'hier soir les illuminations dans les rues. Cette année en effet tout paraît plus austère. Curieusement, écoutant des interviews d'écrivains et de chanteurs, j'en ai entendus plusieurs parler d'apprivoiser la nuit. Ce ne doit pas être un hasard. On devrait peut-être se demander comment font les gens du Nord (multitudes de bougies, biscuits, chansons, etc). Ils ont une grande habitude de ces longues traversées. On devrait s'en inspirer. Cela dit, belle toute belle journée, cher Gaspard.
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