Longtemps, je n’ai pas aimé les bouquets. Ni en offrir ni en
recevoir. Leur aspect éphémère me dérangeait, j’y voyais un gaspillage d’argent
et d’énergie (changer l’eau, trouver le bon vase, disposer élégamment et finir
par jeter). La place des fleurs, pensais-je, était dans les jardins et les
prés.
Un jour, j’ai compris avec un pincement de cœur ma
résistance aux fleurs coupées : d’un coup de cisaille, on les soustrait à
leur sève, on les prive de leurs racines.
Depuis que je médite, l’aspect provisoire de toute chose ne
me dérange plus. Récemment, je me suis surprise à accepter un
bouquet proposé chez une fleuriste (je serais incapable d’amputer notre lilas ou l’un
de nos rosiers). Je commence donc à disposer des fleurs dans notre espace de
vie. Je me retrouve souvent ébahie devant leur beauté, leur façon de s’ouvrir
au monde. Mon regard plonge dans les formes et les couleurs. Je perds toute
notion de temps, comme devant un tableau de Vermeer ou de Pisanello.
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