mercredi 15 juin 2016

Vivre : Dad à la plage




Doc Nonos m'a débrochée ce matin et me voici à nouveau apte à conduire ma voiture et marcher dans des sandales (ouste! à la poubelle l'affreux godillot orthopédique noir de ces cinq dernières semaines). Je décide de partir vers la civilisation faire quelques courses.

Curieusement, je récupère de suite les réactions de la vie "normale". En ville, je m'énerve de ne pas trouver de suite une place de parcage. Je stresse ensuite à une caisse parce que j'ai dépassé mon temps autorisé. Au retour, je suis obligée de suivre un gros camion qui semble avancer au pas. Finalement, au centre du village,  nous voici contraints, pour cause de Tour de Suisse, de nous garer à 30 mètres du virage qui conduit à ma maison. Au bout de trente minutes, le tour n'est toujours pas passé et ça me contrarie fortement. Moi qui, hier encore, avais des tonnes de temps à disposition, me voici embarquée dans un monde de contrariétés  diverses. Je fulmine, je m'agace, je peste.

Tout à coup, j'en prends conscience. Je me vois réagir de l'extérieur. Je regarde autour de moi les enfants qui agitent leurs drapeaux, mangent des glaces, se réjouissent à grands cris. Un, puis deux hélicoptères passent au-dessus de nos têtes. Un artisan bloqué comme moi explique à un collègue de complexes problèmes de métrage. Quelques personnes sont penchées sur des textos qui annoncent leur retard. J'ai l'impression d'un retour au pays, après de longues vacances.

Au fond, c'est peut-être ça que je viens de vivre : de longues vacances allongée devant une mer de silence et d'attente, indifférente à la météo, occupée par mes interrogations et mes lectures, sirotant mes espressos et loin, si loin de tout ce qui au fond se déroulait à peine à 100 mètres de moi.






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