Il y a les questions
directes.
Et il y a aussi les regards discrètement interrogateurs,
qui scrutent
et se baissent et demandent du coin de l’œil :
quand est-ce que l'appartement sera enfin disponible ?
S'il n'en tenait qu'à moi, tout serait déjà offert, distribué ou bazardé.
Je vis mal ce qui traîne sans usage et je commence à m'user dans cette perte lente.
La vie continue, les gens ont besoin de logements. Cependant E. a besoin de temps.
Se séparer de ce qui appartenait à notre mère est pour elle un calvaire.
Je repense à cette situation un peu folle:
Habituellement, c'est après le décès qu'on disperse les effets personnels.
Une manière symbolique de faire son deuil.
Ici, nous voici à devoir éliminer ce qui lui appartient encore et qu'elle ne réclamera jamais.
Trop de fois quand je vais la voir :
cette impression de me retrouver face à une coquille vide.
cette impression de me retrouver face à une coquille vide.
Une femme hagarde regarde par-dessus mon épaule
et s'agace si je lui caresse la main.
et s'agace si je lui caresse la main.
Coucou ma Dad. Nous vivons dans une société qui va beaucoup trop vite. Malheureusement. Si E a besoin de temps, c'est elle qui devrait pouvoir fixer le rythme. Mais non, il faut libérer l'appartement car il y en a qui attendent. Et pendant ce temps-là, il y a une dame qui attend aussi. Elle ne sait sans doute plus très bien ce qu'elle attend. Mais le reste de la famille le sait. Et cette différence de tempo est si difficile à vivre pour tout le monde. Comme quoi, le temps est une notion bien subjective, même si le décompte des jours et mois est simple. Je t'embrasse et t'envoie toute mon affection.
RépondreSupprimerHello, dédé, merci pour ce précieux commentaire. En te lisant, moi qui suis rentrée hier dans un état de tristesse énorme, j'ai réalisé que ma "temporalité" n'était pas la même que celle de ma sœur. J'ai besoin de rendre l'appartement, pour pouvoir passer à la phase "résidence", une nouvelle étape dans la vie de notre mère. Tandis que pour ma sœur, rendre l'appartement signifie faire le deuil de sa mère. Ces tempos, comme tu le dis, il est important de les relever et de poser des mots dessus, parce que sinon, on souffre sans comprendre. Belle journée, chère Dédé, aujourd'hui je suis en train de soigner une bronchite carabinée (mal à la poitrine côté coeur...)
SupprimerOlala. Le corps est fatigué et te dit quelque chose. Soigne-toi bien! Bisous!
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