Voir arriver la tribu de Pakis et observer les mères déverser sur leur
progéniture blasée
moult crème solaire, interdictions, avertissements et vociférations
avant d'aller toutes trois se baigner, rigoler et s’éclabousser "ouanne,
tou, triiiiiiiii"
Découvrir entre deux rochers, protégée par des oursins et des étoiles de
mer, une nursery.
Hésiter de longues minutes au supermaket devant
le choix impressionnant de sardines en boîtes.
Sur la route, saluer à coups de "bog"
"bog" des écoliers croates.
Saluer aussi les scarabées, les hirondelles et les papillons.
Et tant qu’on y est saluer les gens penchés sur leurs champs ("dobre vece" "dobre dan").
Acheter devant les remparts de la vieille ville à un libraire breton
un bouquin traduit de l'allemand, écrit par un jeune auteur serbo-bosniaque.**
Se découvrir pauvre Robinson impuissant face à une décharge au cœur
d’une crique idyllique
(eau cristalline, ondées turquoises et oursins à profusion).
Pester et tordre le plastique trouvé au large, le nouer pour le ramener
(sur sa poitrine, comme un bébé qu’il s’agirait de protéger)
Entendre qu’on a trouvé trois seringues sur la plage
Apprendre qu’une overdose a tué dernièrement un gosse du village.
Rentrer pour la dernière fois par le chemin qui longe le rivage.
** Saša Stanišić, Le soldat et le gramophone, Stock, 2008
C'est superbe d'entendre parler de Sasa Stanisic. En effet, c'est un beau livre, maintenant traduit en français et disponible. Il y en a d'autres sur cette période dont les braises sont toujours présentes sous les cendres, même après toutes ces années...
RépondreSupprimeraprès toutes ces années, dans une petite chapelle au centre de Trogir, les photos de tous les habitants tués entre 1992 et 1995. Oui, toujours présentes, malgré toutes ces années...
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