L’heure
bleue est la période entre le jour et la nuit où le ciel se remplit presque
entièrement d’un bleu plus foncé que le bleu ciel du jour. Cette couleur est
particulièrement prisée des photographes dans le cadre de la photographie de
nuit. Wikipedia.
Pour Reinette, en revanche, il
s’agit d’un autre moment : Tu
connais l’heure bleue ? En fait, c’est pas une heure. C’est une minute.
Juste avant l’aube, il y a une minute de silence. Les oiseaux de nuit arrêtent
de chanter et ceux de la journée n’ont pas encore commencé. Quatre aventures de Reinette et Mirabelle, E.
Rohmer.
Ici, c’est encore autre chose. Le
soir, après que nos couverts ont terminé de cliqueter et que le clocher a sonné
neuf coups fatigués, le ciel blêmit jusqu’à la blancheur. C’est l’heure dense
et belle qu’on qualifie de bleue, mais qui renâcle à bleuir, comme si le ciel ne voulait
pas céder à la nuit. Insensiblement, pourtant, la brise se fait insistante, et les chats
repus se taisent. Dans les arbres, les échanges perdent peu à peu de leur impétuosité,
les réparties tardent à arriver, les tons ont tendance à baisser. On assiste à
un net décrescendo dans les trilles.
Ce
chant sera-t-il le dernier ?
Curieux, absorbés par le charme de cette heure invraisemblable, nous tendons l'oreille, immobiles.
Non. Encore un tremolo par-ci, comme une répartie un peu lasse. Et puis un
autre par-là, venant du pin parasol. Un battement d’aile agite le citronnier.
Un dernier cri, avant la nuit. Le clocher sonne la demie. Et enfin, le silence
s’installe.
Un silence tout relatif, puisque
les chiens au loin prennent le relais, ainsi que les grillons. Et puis
d’étranges oiseaux nocturnes se mettent à déverser leurs sons aquatiques
sur toute l'île. Ces couche-tard ne cesseront leur
bamboche qu'aux premières lueurs de l'aube.
Sur le coup de quatre heures, nous serons tirés
de nos rêves par un joyeux tintamarre : une armée de lève-tôt, après avoir croisé dans les branches leurs compères fêtards, entonne
une ode en l’honneur des rayons azurés.
C’est ce moment précis que Rohmer a saisi dans
son court-métrage. Le premier matin, Reinette en chemise de nuit
immaculée, au beau milieu d’un champ, se désespère de s’être réveillée trop tard. Elle est
au bord des larmes. Elle qui voulait montrer à Mirabelle, son amie des villes, la beauté d’un
profond silence, ne peut réprimer son intense déception.
Nous, en revanche, on lève les paupières sur la langue turquoise de Peljesac qui s'allume au loin. A peine le temps de se dire que cet incendie est mirobolant, qu'il faudrait se lever pour l'admirer, qu'on replonge illico dans nos draps.
Au retour, on se promet de visionner le dvd, et les images de Rohmer nous rappelleront inmanquablement les citronniers, tous les pépillements célestes, et les mille nuances de la nuit étoilée.
Coucou. C'est marrant. Je lisais justement dimanche soir un document d'une amie photographe qui parlait de la manière de prendre des photos pendant les heures bleues. C'est quelque chose que je n'ai pas encore tenté avec mon appareil car il me faudrait un trépied voire un filtre dégradé.
RépondreSupprimerQuant au chant des oiseaux qui se croisent dans les arbres, c'est le chant du merle le soir qui me remplit de joie. J'ai l'impression, en l'écoutant, que tous les soucis s'envolent.
Profite encore des citronniers, du bleu de la mer et du ciel et de toutes ces choses qui font que la vie est belle. Bises alpines et belle journée.
L'heure bleue doit être difficile à photographier, ce doit être ardu d'en rendre la densité et la couleur particulière. Je profite je profite malgré des constats écologiques désolants... Belle soirée, chère Dédé...
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