Fresque / Santa Maria Maggiore / Bergamo
Quand l’orage a
éclaté, nous avons trouvé refuge dans une librairie, le meilleur endroit pour attendre la fin d'une averse. J'ai déniché deux bouquins avec des héroïnes on the road et cherchant chacune à sa manière le moyen de trouver son chemin. Au moment d'encaisser, la libraire nous a demandé si nous allions à la mer et offert deux
toiles pour protéger nos serviettes du sable avec, imprimé dessus, un extrait de La promenade au phare .
Nous lui avons demandé si elle aussi partirait se baigner. Alors, elle a ouvert
de grands yeux gourmands et souri : Non,
non, moi, je passe mes vacances à la campagne, je vais cueillir des fruits.
Elle nous a expliqué
qu’une de ses amies agricultrice possédait un énorme verger et qu’une fois la
récolte effectuée, elle lui laissait champ
libre (si l’on peut dire). Alors elle grimpait dans les arbres et dévorait
tout plein de fruits (elle faisait aussi de la confiture et nous en aurait
volontiers remis un pot le lendemain si nous ne partions pas si tôt). Puis elle
nous a parlé de la musique des feuillages, du murmure des
oliviers et de la façon très particulière qu'ont les fleurs de chanter.
Elle avait le sourire
séraphique de certains enfants rêveurs, de certaines saintes au fond de d’églises
oubliées, et la fraîcheur d’un ruisseau de montagne, elle avait l’indulgence de
ceux qui sont comblés, de ceux qui n’ont pas grand-chose à désirer.
Dehors, la pluie finissait
de pianoter. En la remerciant chaleureusement, on se disait que certaines
personnes, à l’instar d’espèces rares, en voie d'extinction, mériteraient d’être
protégées. Et si l'avenir de l'humanité résidait dans cette faculté subversive de savoir se hisser dans des branches pour déguster de douces offrandes à notre portée ?
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