Saint-Christophe traversant les eaux II /d'après le triptyque Moreel de Hans Memling / F. Verdier / collection particulière
Récemment, Fabienne Verdier parlait de son activité créatrice au cours de cinq entretiens avec Jérôme Clément. A un certain moment, celui-ci lui énonce un choix de mots et elle doit dire ce qu'ils lui évoquent. A propos de solitude :
"J'en avais peur quand j'étais toute jeune et, plus j'avance, plus je pense que c'est la meilleure compagne pour créer. Et que, en fait, ça n'existe pas. Parce que plus on la creuse et plus on se connecte à quelque chose de très fondamental et il n'y a plus de solitude. Je l'ai éprouvée partout parce que je ne savais pas ce que c'était que cette présence au monde. Et maintenant je pense que je peux rayer le mot solitude.
Le silence, c'est pareil. J'étais tétanisée autrefois. J'avais peur des affaires du silence. Et plus j'avance, plus je me rends compte que c'est du silence que jaillit toute forme de créativité. C'est lui qui permet la réflexion, qui permet la concentration, c'est lui qui permet la haute créativité, qui permet le jaillissement, le surgissement, l'avènement.
Ce sont eux qui permettent de vivre, de se connecter à cette source vive que nous avons tous en nous, mais que nous avons perdue ou que nous ne savons pas que nous avons."
Il y a donc pour elle trois réalités connectées : la solitude, le silence et le surgissement. Elle parle aussi de toutes ces choses paradoxales, comme la confiance et le doute, qui vont de pair, car on peut douter et en même temps être confiant dans le fait que les choses vont advenir. C'est le doute qui est constant, qui aide à avancer, qui aide à explorer.
Tenter de mieux comprendre un artiste, sa peinture et sa démarche, c'est s'approcher pour entendre ce qu'il a à nous montrer. C'est un peu comme l'apprivoiser, c'est ne jamais cesser de regarder et d'écouter. C'est, parfois, parvenir à capter.
Ce sont surtout les derniers mots de Fabienne Verdier qui me touchent: ce sont, entre autres, la solitude et le silence "qui permettent de vivre, de se connecter à cette source vive que nous avons tous en nous mais que nous avons perdue ou que nous ne savons pas que nous avons en nous".
RépondreSupprimerEt puis le doute amenant à la réflexion.
Beaucoup de choses essentielles et souveraines dans ces quelques paroles auxquelles j'adhère totalement.
Merci de votre retour : oui, les mots de FV sont touchants. Elle parle d'une voix douce, elle utilise des mots simples, et on comprend tout le chemin qu'elle a parcouru justement pour parvenir à cette simplicité.
SupprimerPour ma part, ce qui m'a particulièrement frappée, c'est quand elle en arrive à se dire que la solitude n'existe pas, si l'on se voit connecté à l'univers, à la nature, aux choses de la vie, montagnes, vents, nuages. C'est pour cela que j'ai retenu ce tout petit extrait.
Je réalise après avoir écouté les 5 émissions, que j'aurais besoin de les réécouter encore et encore pour mieux comprendre cette artiste, qui prend énormément de temps (tout le temps nécessaire) pour mener ses recherches et aboutir dans sa démarche d'expression épurée.
Et puis, je dois admettre que... ce que j'aime avant tout, c'est me poser devant une de ses toiles et simplement regarder, sentir, en oubliant toute pensée, toute connaissance. Juste : me tenir devant les toiles et laisser venir les sensations. Belle soirée à vous.
Le silence est un bien précieux. Il se fait de plus en plus rare. Je veux dire dans le quotidien de beaucoup de gens. J'ai la chance d'un environnement particulièrement calme, et je dispose d'un bureau très isolé et silencieux que je considère comme un trésor précieux (cette pièce a été construite avec une isolation phonique pour favoriser le silence, dans le cadre de mon activité d'aide à la personne). Offrir ce silence pour mieux écouter l'intérieur de soi.
RépondreSupprimerTout le monde ne le supporte pas d'emblée. Mais plus tard on le réclame.
Eh oui, tout le monde ne supporte pas le silence. Il peut être angoissant si on craint de se confronter à soi, à ses parts d'ombre, à ses peurs. J'imagine que pour ceux dont l'expérience est nouvelle, il vaut mieux être accompagné (présence de quelqu'un qui vous tient en quelque sorte la main pour vous rassurer). Et alors après, on peut l'apprivoiser et l'apprécier.
SupprimerCurieusement, plus je l'écoute, et plus je me rends compte que, comme pour la solitude, le silence n'existe pas : il y a toujours un souffle, une feuille, un cri d'oiseau, un craquement de parquet, le vol d'un insecte, le battement cardiaque. Même en pleine nuit, dans une montagne, le silence absolu n'existe pas. On appelle trop souvent silence l'absence de bruit, et il me semble de plus en plus que ce n'est pas la même chose.
Dans le silence
RépondreSupprimernous entendons la musique
de l'univers
Oui : toutes les pulsations de la vie.
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