Pendant plus d'un mois, on a cohabité, elle et moi. Un jour sur deux, je suis partie avec elle au petit matin. Je prenais ma voiture et je fendais l'épais brouillard qui s'était installé en ce mois de février et ne voulait pas s'en aller. Souvent, s'il y avait un véhicule devant moi, il m'arrivait de perdre ses feux dans la blancheur. J'avais l'impression de risquer moi aussi de me perdre dans l'opacité farouche de la nuit.
Madame Z. nous recevait à six heures trente tapant. Elle levait ses yeux de ses papiers et ne manquait jamais de mentionner qu'elle était là depuis cinq heures trente et avait terminé la veille tard dans la soirée. Même si Madame Z. aime beaucoup parler, je n'ai jamais compris si elle fuit une sorte de solitude ou si tout simplement elle aime s'adonner à soigner.
C'est long, un mois, quand on tiraillée entre une tendinite revêche et un chien heureux de folâtrer dans les forêts. C'est long de compter les comprimés pour ne pas en abuser.
La douleur a fini peu à peu par prendre le large. Je ne peux pas dire qu'elle me manque, mais si un jour je viens à l'oublier, elle se rappelle à moi et je me retrouve dans mes petits souliers. Je garderai toujours en mémoire ces petits matins blêmes où nous fendions le brouillard, elle et moi, comme un vieux couple mal assemblé, pour aller rencontrer notre thérapeute et voir comment tenter de nous séparer de façon civilisée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire