vendredi 14 mars 2025

Voir : résister, par-delà les angélismes et l'effroi

 

 
  « Lorsque nous sommes militants pour la paix, nous sommes considérés comme des grands naïfs. Or depuis le début, avec ''Les Guerrières de la Paix'', nous affirmons que la paix est un combat qui nécessite du courage et qui est peut-être, dans le contexte actuel, la position la plus radicale qui soit »
 
« A l’heure où chaque personne est sommée de faire bloc avec les siens, où la moindre nuance est suspecte et apparaît comme une trahison, ce combat pour la paix demande beaucoup de courage »
 Hanna Assouline
 
Le hasard a permis que je visionne à quelques jours de distance "No other Land", dont je viens de parler, et "Résister pour la paix" réalisé par Hanna Assouline et Sonia Terrab, accessible actuellement sur la plateforme France TV. Ce documentaire, sorti en novembre 2024, montre lui aussi une facette relativement occultée par les différents médias : celle des militant/es qui veulent continuer à croire en une paix possible. Sans être des naïfs, ni des faibles - pas question de céder aux nombreuses tentatives d'intimidation - ces personnes déterminées continuent tant en Israël qu'en territoires occupés à scander que la paix est la seule voie possible.
 
Il se trouve que la veille de l’attaque du Hamas, les deux réalisatrices étaient présentes en Israël et en Cisjordanie avec une délégation de trente femmes activistes pour filmer leur combat (certaines images de cette rencontre sont inclues au reportage en tant qu'archives). Le lendemain, de retour en France, elles se réveillaient en découvrant leur monde violemment ébranlé. Un an après les événements et les atrocités commises à la chaîne, elles ont décidé de dresser un état des lieux, montrer ce qui se vit sur place, comment on survit à l'horreur et comment on lui fait face.
 
Tout au long du documentaire on est marqués par une évidence : toutes ces voix, on a peu ou pas l'occasion de les entendre. Les news ne les montrent pas ou balaient leur existence d'un trait : ce seraient des mouvements ultra minoritaires, sans grand pouvoir ni importance. Mais ce qui frappe aussi, c'est que tous les problèmes en jeu sont évoqués : les appels à la haine et les menaces, les doutes et la souffrance, le découragement qui guette et pourtant : tous les gens interrogés expriment leur volonté d'aller de l'avant. Ils s'activent, chacun à leur manière.
 
Parmi les personnes interviewées dans "Résister pour la paix", il y a Yonatan Zeigen, à qui le journal The Guardian a consacré un article le 7 octobre 2024 (lire ICI). Il est le fils de Vivian Silver, militante assassinée dans sa maison au Kibboutz Be'eri. Cet article présente la position d'un homme  profondément touché et aussi profondément convaincu tandis qu'il déploie ses idées : il parle en tant que père, travailleur social et médiateur.

"Les gens meurent à cause de la guerre, donc si nous voulons vivre, nous avons besoin de paix. Il n'y a pas de mur assez haut pour assurer la sécurité des Israéliens, pas de violence qui libérera les Palestiniens. La seule façon de parvenir à la sécurité et à la libération est de transformer votre ennemi en votre partenaire."
 
Un article à lire et à relire (on se dit qu'il vaut mieux reprendre et méditer les compte-rendus inspirants plutôt que d'avaler des infos au kilomètre qui au bout du compte n'apportent que du vent).

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