mercredi 28 juin 2017

Voir : vivante, présente face au possible







Deux images de L'Avenir

Ecouter Mia Hansen Løve, dans sa vie d'artiste.
Ses films subtils sont pour moi des œuvres "re-",
celles qu'il me faut revoir, retrouver, relire.
A propos de  L’Avenir, un petit bijou,
où Isabelle Huppert incarne une femme
 dans la cinquantaine,
quittée par son mari, et qui traverse cette expérience de vie :

La question du dépouillement, du dénuement, l’idée de se dépouiller est une idée à laquelle je suis très attachée et qui est au cœur d’un film comme l’Avenir, où l’on voit les personnages perdre un peu tout, mais pour se trouver. Perdre tout, ce qui veut dire, pas au sens proprement littéral, matériel, mais on les voit faire des deuils. Parfois malgré eux. Il peut y avoir beaucoup de résistance par rapport à ça. Mais en tout cas on les voit se dépouiller de quelque chose et on voit comment c’est un passage qui leur permet d’accéder peut-être à une forme de plus grande liberté, à une plus grande plénitude qu’on ne pourrait pas soupçonner avant d’en faire l’expérience.
 Je me suis rendue compte en faisant le film que c’était un film sur le présent. Le sens du titre est là. Il y a une forme d’ironie dans le titre, L’Avenir, parce que ça sous-entend que la question est de savoir quel sera l’avenir de cette femme. C’est quand on se détache de cette question-là et qu’on se rend compte que la question de l’avenir n’a pas de sens, c’est à ce moment-là que le sens apparaît.
 C’est un film que j’ai fait un peu à tâtons, je ne savais pas trop où j’allais. C’est un film qui me faisait un peu peur, je trouvais le sujet un peu sombre. Il ne s’agissait pas de faire une fin heureuse pour une fin heureuse. Donc je suivais juste mon instinct. Je suivais cette femme et je ne savais pas trop où ça allait me mener. Et je ne voulais pas d’artifice, triste ou gai, dans un souci de répondre à une demande quelconque. Je voulais juste être dans une forme de vérité.
Mais après, surtout en le montant, le film, il m’est apparu que son sens est dans le rapport au présent, dans un présent retrouvé. Donc elle ne retrouve pas l’amour, le film ne la remet pas dans les bras d’un homme (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne les retrouvera pas après). Mais ce n’est pas ça qu’il s’agit de trouver dans le film. Le sens du film est de se sentir vivante en étant dans le présent.

La vie d'artiste / 12.06.2017


4 commentaires:

  1. Joli billet en ce jour qui me cueille après une grosse insomnie durant laquelle je me suis retournée l'esprit dans tous les sens pour trouver des solutions... que je n'ai encore pas trouvées.
    Se dépouiller de ce qui nous charge trop, au sens propre et au sens figuré. Faire le deuil de ce qui fait mal. C'est tellement difficile parfois. Aujourd'hui, je suis dans un travail de réflexion pour faire le deuil de mes idéaux concernant la vie professionnelle. Se réaliser par le travail (pas uniquement hein) mais en tous les cas pour un pan de sa personnalité, c'était quelque chose d'important pour moi. Aujourd'hui, cela devient questionnant. Et toute cette réflexion remue et à quelque part fait mal. Mais c'est sans doute un passage obligé pour un mieux. Je t'embrasse et te souhaite une belle journée.

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  2. c'est curieux, moi ce matin, je suis allée nager avec un grand sentiment de tristesse par rapport aux choses qui finissent... car on n'arrête pas de quitter, de perdre, personnes, identités, objets, pour aller vers autre chose. c'est la vie...
    Ce que tu décris par rapport au travail, je l'ai aussi vécu. Enfant, mes parents me poussaient à travailler pour "réussir dans la vie". Et je l'ai fait, je me suis appliquée à travailler, bien et beaucoup. Mais cette équation (travail = réussite), je me suis peu à peu rendue compte qu'elle ne jouait pas. Les choses sont plus complexes que cela. Le monde du travail est devenu peu à peu perverti par des questions de rendement, de contrôle. On y laisse de moins en moins de place aux compétences de l'individu. On y vit une perte de sens, on se sent dépossédé de ses facultés créatives, on est poussé à faire des choses insensées au nom de changements imposés. Et si on remet qqch en question, on reçoit l'étiquette de "manque de souplesse". Enfin, je dis "on". Je devrais dire "je", peut-être qu'il ne faut pas généraliser. Pour finir, j'en étais arrivée à me demander si travailler simplement en mode "alimentaire" n'était pas la meilleure solution. Et vivre ses intérêts ailleurs. Mais... c'est dommage, c'est un gaspillage d'énergies, car j'ai beaucoup donné (temps, idées, etc) au début, quand on me laissait la bride sur le cou et que j'avais une marge de manoeuvre ample. Je te souhaite de trouver le plus sereinement possible ta solution personnelle. c'est un long chemin.
    PS : et tenter d'explorer tes "possibles" dans le domaine de la photo ?
    Belle journée à toi, Dédé!

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  3. J'en arrive aussi à cette conclusion qu'il vaut peut-être mieux envisager le travail comme une simple rémunération et ne rien attendre de plus... et vivre ses passions à côté. Mais tu sais, le domaine de la photographie... je ne fais que débuter et j'ai encore bien des choses à apprendre. Belle journée

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  4. Garde confiance... ta dernière phrase est typique : c'est ce que tout le monde se dit pour s'empêcher de rêver. Elle ne tient compte ni de ton talent, ni de ta passion, ni de tes envies. Oui, tu as bien des choses à apprendre, et alors? On est tous - tous - dans cette situation.(et heureusement) bises lacustres D.

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