samedi 10 juin 2017

Voyager : amor de lonh


front de mer à Korcula

Leur vue me rassure. Leur présence est gage de pureté. Me baigner dans des eaux rocheuses où ils ne seraient pas présents m'inquiéterait fortement. Ce qui n’est pas bon pour eux ne l’est certainement pas pour moi. J'aime donc les découvrir, les observer. 


De loin. Si possible.


Il y a deux ans, juste avant de partir prendre l’avion, toute à ma joie de pouvoir me baigner une dernière fois dans les eaux fraîches et turquoises, j’avais étourdiment crawlé sur le dos un peu trop près du rivage.


Mon épaule avait alors heurté un rocher.


Sur lequel barbotaient deux créatures innocentes, mais néanmoins porteuses de tous les attributs de leur espèce.


La neige avait déjà commencé de tomber, que j’avais senti une dernière fois sous mon ongle comme une résistance, tiré d’un coup sec et tenu entre mes doigts un ultime petit bout d’Adriatique (deux millimètres de fin tronçon noir).


C’est curieux, la mémoire : il ne reste aucun souvenir douloureux de cette expérience. Juste ce sentiment d’avoir porté longtemps des infimes parties de Méditerranée en moi.


Les oursins m'inspirent la même tendresse que les ours : menacés, à protéger. 

De loin. Si possible.


2 commentaires:

  1. Bien vu Dad...ce texte en énigme qui monte en puissance jusqu'à la blessure finale de ce fin tronçon noir !
    Super douloureux, mais comme les choses ont toujours deux faces, gage de pureté de l'eau en effet...
    C'est cela, vivre en harmonie avec la nature. Se dire qu'à toute chose malheur est bon.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Porter des parties de l'Adriatique sur soi...faire partie du cosmos. Se fondre dans la nature tout en se préservant. Aimer les oursins et les ours de loin. C'est plus sûr mais c'est juste. On ne peut pas faire des câlins à tout le monde hein? 😊 Bises alpines

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