Ernest Pignon-Ernest / La pietà di Pasolini / oeuvre sur Spaccanapoli / 2015
On peut aimer
par-delà les époques et par-delà les territoires.
On peut aimer des
absents, des êtres qu’on n’a jamais croisés.
L’amour ne connaît
aucune frontière, dans le temps ou l’espace.
Lui, je l’aime, je
l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours. Intensément.
Nous avons en commun l’amour d’une langue vernaculaire, celle d’une terre au Nord-Est.
Et je l’admire pour
ce courage qui était le sien, un courage quasiment effrayant.
Le plaisir d'entendre Ernest
Pignon-Ernest parler de Pier Paolo en ces termes (ici):
Pour moi, c’est un repère, c’est une référence, cette façon qu’il a, si vous voulez, cette façon qu’il a d’affirmer une espèce de simultanéité du temps. Pour prendre l’exemple le plus évident : il s’affirme comme marxiste et il fait Médée, Œdipe, l’Evangile selon St-Mathieu.Il s’affirme dans les 2000 ans d’histoire qui fondent notre culture.Il a cette espèce d’approche très charnelle, très sensuelle des lieux, des gens, des choses. Et, paradoxalement, c’est cette façon charnelle qui fait apparaître le sacré de chacun. Et on le sent beaucoup : cette façon de se saisir de la vie d’un petit voyou de Rome. Et cette façon de faire résonner Virgile et Dante, en parlant d’Accatone, d’un petit voyou.
Pour moi, sa démarche est un exemple permanent. Il incarne les contradictions de notre temps.
Il était tiraillé entre Marx et Jésus, il avait cette exigence de raison, d’analyse permanente, politique, et, en même temps, il était passionné.
Vous voyez comme ses contradictions, il était déchiré tout le temps.Ses propositions sont très savantes, toujours chargées de références picturales, Piero della Francesca, Pontormo. Et en même temps c’est très populaire. Vous voyez, il y a toujours ces espèces d’oxymores. Il était il est comme ça, lui-même.
Lors de la même émission, on entend la voix de Pier Paolo, et Ernest traduit :
"Maintenant, contrairement au régime fasciste, nous avons un régime démocratique. Mais ce culturicide, cette uniformisation, que le fascisme-même n’avait jamais réussi à obtenir, le pouvoir d’aujourd’hui, celui de la société de consommation, a réussi à l’obtenir parfaitement. En détruisant les différentes réalités particulières. En enlevant du réel aux différents êtres humains que l’Italie a produit historiquement de manière très différenciée. Donc ce culturicide est en train de détruire l’Italie, et l’on peut dire sans hésitation que le vrai fascisme, c’est le pouvoir de cette société de consommation. Elle est arrivée si rapidement qu’on ne s’en est même pas rendu compte, ces 5, 6, 7,10 dernières années.
Ça a été comme un cauchemar, dans lequel on a vu l’Italie se détruire jusqu’à disparaître.Et maintenant, en se réveillant, on se regarde autour et on se rend compte qu’il n’y a plus rien à faire." (Archive non identifée / l'Heure Bleue / diffusé le 27.04.2017)
Voilà ce qu'il disait il y a plus de 40 ans, Pier Paolo...
Lucide, dans la cible.
Lucide, dans la cible.
Lucide ? Plus que lucide...Visionnaire, carrément ...
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