Quelque part en Toscane
Je vois dans la rue cet
homme encore jeune, le visage buriné, qui tend sa casquette à la sortie d’un
grand magasin. Pourquoi ai-je envie – presque besoin – de lui donner quelque
chose ? Sans doute parce que, dans sa demande, il garde un air digne. Il se tient sobre et silencieux. Noble. Parce qu’il y a tous ces sacs, au moins cinq, six, suspendus à son
vélo, appuyé contre la façade.
Je m'interroge, comme toujours: d’où vient-il, quelle est son histoire ? Mais, j'hésite. Je suis chargée de nos courses. Il fait chaud et lourd. Mon porte-monnaie est tout au fond de mon cabas. Je ne suis pas sure d’avoir suffisamment de piécettes, j’ai tout dépensé au marché. Et puis… il y a tellement de musiciens, de mendiants en ce samedi…non, finalement, j’avance.
J’avance tout en regrettant d’avancer.
Je le dépasse. Je fais un
pas, puis deux, puis trois.
Et j’entends R. à côté de
moi me dire : attends, je veux juste
aller lui donner une pièce, à l’homme, là, derrière sur le trottoir.
Plus tard, je demande à R. : pourquoi? A cause de son vélo. C’est un voyageur.
Certes, on aime les gens
pour leurs qualités, leurs traits de caractère émouvants. Mais, des fois, je me
dis qu’on les aime aussi pour de petits détails pas très saillants, pour une
pièce de deux francs.
« Pompe...à vélo.» titre de la photo...
RépondreSupprimerBelle histoire profondément humaine, avec nos tiraillements devant la misère, la pauvreté, l'exclusion...
Suivre son coeur, oui, toujours. Et ne pas écouter les fausses excuses de notre ego pressé.
Bravo pour ce texte sensible qui interroge. Tout ce que j'aime.
¸¸.•*¨*• ☆
Oui, notre vie sociale est faite de ces petites scènes, de ces petits incidents quotidiens qui nous interrogent sans cesse et nous obligent à nous positionner. On doit garder les yeux ouverts, le regard vif, sinon, tant de choses peuvent nous échapper. Et il est bon aussi d'être entourée de gens humains, attentionnés, ouverts.
RépondreSupprimerPS : je vais t'engager comme "intituleuse" de photos, décidément!