Photo trouvée sur le site Alsace Tourisme
Le cimetière, la première fois, j’ai cru avoir la berlue.
Le cimetière, pendant longtemps, je me suis demandé ce qu'il faisait là, coupé de tout.
Il faut dire que je l’aperçois seulement depuis un wagon, et sur cette ligne qui
relie Bâle à Strasbourg, alors que l’on avance avec une lenteur désespérante
jusqu’à Mulhouse,
tout à coup le train se met à foncer, avec des allures de TGV
comme s’il se ravisait
et était soudainement pressé de rejoindre sa destination,
et le paysage défile alors beaucoup trop vite.
Seul le vaste ciel alsacien
reste impassible, traversé de lourds cumulus mousseux.
Je peinais à comprendre : que faisaient là, toutes
ces tombes, anciennes, isolées, abandonnées?
Et, à chaque trajet, j’attendais
l’instant fugitif – à peine trois, quatre secondes - qui me permettrait d’apercevoir
ces stèles grises, dressées dans l’herbe. Je me retrouvais à chaque fois
curieuse et mélancolique,
frustrée, interrogative face à cette mémoire livrée à l'oubli.
Je scrutais cet étrange
cimetière, si loin de la ville, coincé entre un pont enjambant la voie ferrée et
des champs de blé. Coincé, mais majestueux.
Alors, cette fois-ci, à l’aller
et comme au retour, je me suis juré que prochainement j’irai exprès à Sélestat
pour visiter son vieux cimetière juif,
rendre hommage à ses disparus,
écouter sa dignité solitaire dans le vrombissement des convois et des voitures
Rendre hommage à toutes ces personnes qui ont tant souffert. La mémoire est importante. Car le monde actuel continue de faire souffrir, comme s'il n'avait encore rien compris. Bises ma Dad.
RépondreSupprimerUne bien belle résolution, que tu as pris là.
RépondreSupprimerNous le devons à ceux qui sont morts à cause de la folie des hommes.
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