dimanche 23 mai 2021

Vivre : l'évaluation

 
Portrait de femme au turban (détail) / Francesco Cairo / MBA / Strasbourg
 
Menton appuyé sur ma main gauche, légèrement penchée, passablement perplexe, il m'arrive parfois de me demander ce que je vaux en amitié (et aussi en amour). Naturellement, je me pose toujours ces questions dans des moments cruciaux qui me portent à m'attribuer une note (j'ai toujours tendance à me noter dans ces cas-là) tout juste passable, voire légèrement en-dessous de la moyenne. Il me semble soudainement que dans ce domaine tout le monde est plus capable que moi, plus généreux, plus chaleureux, plus indulgent, plus radieux.
Je reste donc pensive, durant de longs moments, en me posant cette insondable question. Si je me tourne vers des personnes de mon entourage susceptibles d'accueillir cette interrogation, je me heurte toujours à des dénégations, mais non, mais non, voyons... (je me demande alors si les personnes auxquelles on peut vraiment s'adresser sont les plus à même de répondre avec véracité).
J'en arrive donc à m'interroger : combien de gens est-ce que j'autorise à être eux-mêmes quand ils se trouvent face à moi, combien sont ceux que j'accepte tels  qu'ils sont, sans faux-semblants et sans écrans ?
Car, dans le fond, être bon ou moins bon en amitié, tient peut-être bien à ça : être capable de laisser l'autre trouver l'espace nécessaire pour se montrer, se dévoiler, simplement, tel qu'il est. Mais il ne s'agit pas seulement d'ouverture : de fermeture aussi. De mots et de pudeurs. Être autorisé à être, c'est aussi être autorisé à se replier, dans le secret de son être. Avoir la possibilité d'ouvrir et de fermer à loisir le portail de son jardin personnel, sans se sentir contraint de quelque manière que ce soit.
Menton appuyé sur ma main gauche, perplexe et pensive, il m'arrive parfois de me demander quelles sont mes compétences en amitié (et aussi en amour). Et cette question peut m'occuper parfois pendant une longue journée....


3 commentaires:

  1. C’est dans les moments de doutes que nous sommes nos juges les plus sévères et nos principaux censeurs. Tant d’exigence!
    Pourtant, il me semble que vous avez toutes les clés en mains. En toute relation, respecter l’altérité et reconnaître l’autre dans sa différence. L’accepter tel qu’il est. L’essentiel en principe.
    Saussi préserver son jardin secret, son journal intime mental dans la compréhension, le respect et la confiance mutuels.
    Par ce billet,vous avez ouvert bien des portes. Cela me donne à réfléchir. Nul doute.
    Douce soirée.

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    1. Il y a peut-être des domaines où il vaut mieux douter que d'être trop sûr de soi ? Mais... vous avez raison : nous sommes parfois nos juges les plus sévères!
      Inspirer suffisamment confiance pour permettre la confidence et autoriser le repli, c'est quand même tout un art. On a tendance à croire que l'amitié, c 'est qqch de spontané, de donné. Pas tant que cela : ça se cultive et ça s'apprivoise!
      Tant mieux si ce billet peut offrir matière à réflexion. Après une journée maussade, voici le soleil qui fait une arrivée surprise : belle soirée à vous!

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  2. Oups!il faut lire: savoir aussi préserver.....
    Désolée.

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