Détail du jeune Ennea Silvio en chemin vers le concile de Bâle
/ Librairie Piccolomini / Pinturicchio et aides / Cathédrale / Sienne
A chaque fin d'année, ressentir inévitablement la tristesse des choses perdues, des relations abandonnées, des essais ratés. Inévitablement, au point de devoir lutter intensément...
.. ces choses qui s'en vont cadenassent des possibles, ramènent à la fuite inexorable des jours...
....puis, immanquablement, dans la foulée, sentir resurgir en soi le désir de chevaucher et de reconquérir, d'aller ranimer toutes les étoiles échouées sur la grève. Dans toute fissure née de la perte s'infiltre un vent, un vent du Nord qui trace sa route, mordant au visage, balayant les feuilles à l'agonie, mettant à nu les branches, leur apportant une chance de reverdir encore.
Perdre, alors, et achever avec le désir inaltéré de grandir, encore et encore.
Nos vies sont semées d'obstacles et d'embûches à relever, de bifurcations, de pertes. Pour autant, perdre, est-ce échouer? Perdre ne revient pas à oublier. Tout changement débute par la perte et laisse place à la nouveauté si nous l'acceptons.
RépondreSupprimerLa perte montre notre vulnérabilité. Comment l'accepter? Comment voir cette lueur au bout du tunnel et rendre notre renaissance possible, questionnant notre capacité à supporter l'incertitude, à composer avec les accrocs, et, en les surmontant, démarrer "une nouvelle vie".
Et grandir.... "l'art de perdre" en quelque sorte.
En me relisant, je me dis que je suis peut-etre un peu hors sujet.... je ne sais trop.
Quant à À Jollien, dans "le métier d'homme", il est essentiellement question de son expérience personnelle, de son parcours en tant que personne handicapée. Placé dès son plus jeune âge dans une institution spécialisée, rien ne le destinait à être un philosophe reconnu brisant ainsi les étiquettes.
Lumineuse soirée.
D'accord avec vous : Perdre, ce n'est pas échouer. Perdre, c'est... perdre tout simplement et la perte sera ce que nous en ferons. Accepter de perdre c'est effectivement le seul moyen si l'on veut progresser. L'art de perdre, si on le maîtrise, est un art majeur. Quand on est capable d'assumer la perte, est-ce qu'on est pas merveilleusement bien outillé pour la vie ? L'art de perdre, c'est le contraire de la dépression, c'est la confiance dans le futur.
SupprimerIci, à moins de manquer d'égards ou de faire preuve de grossièreté, il n'y a pas de propos hors sujet. Les billets sont courts non pas à cause de ma paresse (ah ah) mais parce que chacun est libre de donner aux mots et aux phrases le cheminement qui lui convient. L'essentiel, c'est ce cheminement, intérieur, silencieux ou partagé.
A. Jollien parle effectivement beaucoup de son expérience personnelle dans ses livres. Je suis allée l'écouter alors qu'il donnait une conférence dans un endroit où j'étais en formation. Un peu à reculons je l'avoue car j'avais entendu ses itv dans les médias et je craignais qu'il ne soit un "produit" littéraire qui se vendait bien (son itinéraire, la pleine conscience, la Corée, etc). Mais, arrivée un peu en retard, je me suis retrouvée tout devant, il était là avec son fils aîné, son épouse, il a demandé après 45 mn à pouvoir aller se reposer un moment, puis il est revenu et a continué jusqu'à la fin des questions et je dois dire qu'il m'est apparu sincère et en accord avec ses écrits. Je crois qu'il est en mesure d'apporter un exemple positif et d'avoir un impact puissant, surtout en cette période bousculée (et je ne parle pas que du Covid). "métier" est un terme qui convient bien à la vie. Je pense au journal de Pavese : "le métier de vivre"... un métier qui demande un sacré apprentissage, et qu'il ne lui a pas forcément bien réussi.
Belle soirée à vous.
« La fuite inexorable des jours » j'ajouterai et leur accélération constante. Est-ce qu'en vieillissant les jours ont moins de 24 heures ?
RépondreSupprimerSur la tristesse des choses perdues, je crois que je vais écrire un billet à ce sujet. Ce n'est pas assez clair encore en moi pour en dire plus, là, tout de suite. Ça mûrit !
Ça tourne autour des « souvenirs que l'on garde », des choses qu'on estime précieuse d'autant qu'elles sont sans valeur marchande, des vieilles lettres, des trucs entassés dans des armoires.
On va peut-être mourir sans y être jamais retourné. Et les héritiers mettront tout à la benne…
mourir deux fois !
Enfin je voudrais approfondir ce que l'on pourrait appeler « la tristesse sur le passé » et c'est beaucoup plus profond que le « c'était mieux avant » !
Je me réjouis de te lire prochainement, cher Alain.
SupprimerTes mots me font réfléchir dans un axe différent que celui où j'ai pondu ce billet (suite à mon bilan personnel de l'année).
Je suis qqn qui aime intensément se rappeler de ce qui était bien dans le passé (l'enfance, le goût des carambars, les cabanes, les cousins cousines, les vacances en Italie). Mais je ne suis nullement nostalgique. Je crois qu'on peut aimer très fort ses souvenirs, sans forcément se dire que c'était mieux avant, sans se morfondre, sans aspirer à un retour vers ce qui était. On peut juste chérir ce qu'on y a vécu. Parallèlement, on peut vivre au présent, totalement, sans enjoliver (c'est le seul temps sur lequel nous ayons une prise et une possibiité d'action).
Je réalise que je suis plutôt "une bonne perdante". Je m'efforce de savoir perdre, parce que je sais qu'il y a une contrepartie à gagner (du moins c'est ainsi que je le conçois). Savoir perdre, c'est savoir lâcher-prise. Et n'oublions pas que perdre, c'est aussi parfois perdre des choses lourdes et négatives!
Quant à garder des choses entassées, j'en ai de moins en moins. Je me déleste, dès que je peux (tous mes écrits sont dans l'ordinateur, créés en dossiers ou scannés. Idem pour mes photographies). Ce n'est pas lourd un pc. Dans la vie, j'ai tendance à voyager léger et je ne voudrais surtout pas charger d'autres gens de trucs qui ne regardent que moi. J'aimerais ne laisser que quelques choses belles, qui peuvent être gardées, utilisées ou vendues. Le reste : poubelle!
A ta question sur le temps, je répondrais que, mathématiquement, un jour de 24 heures représente un part beaucoup plus faible de ta vie quand tu as 60 ans que quand tu en a 20. C'est peut-être ça qui est en jeu.
Oui, en te répondant, je réalise combien je vis dans le présent, tout en étant loyale à mon passé et ouverte à mon futur (au fond, je crois que c'était ça le sens de mon billet)
Toute douce soirée à toi!