Cent kilomètres à l’aller. Cent
kilomètres au retour. Des embouteillages, des retenues, des feux. Dans l’habitacle, des propos lassants à force
d’être ressassés. Et puis, de longues minutes de silence.
Souverain, indifférent à ce qui se
passait ici-bas, le ciel déroulait ses drapés baroques, d’argent et de lumière.
C’était une journée spectaculaire, exceptionnelle. Je crois bien avoir dénombré
vingt arcs, splendides, parfaits, tout le long du Jura. Des cadeaux multicolores tombés des nuages,
comme pour enchanter ces moments qui n’avaient rien d’enchanteur.
Enfin, nous sommes parvenus à ce bâtiment
perdu, en rase campagne. Avec ses ascenseurs grinçants. Avec ses longs couloirs et
cette odeur insupportable d’urine et de désinfectant entremêlés. Avec ses portes
ouvertes sur des silhouettes rabougries, plissées au fond de lits trop vastes.
Et puis nous l’avons aperçue là, de dos,
seule, assise, la tête penchée, les yeux fermés. Nous l’avons regardée dormir.
Durant un long moment.
Je me rappelle m’être dit : aujourd’hui
encore, elle se réveillera.
Cette journée, dans mon souvenir, restera
estampillée comme celle des arcs-en-ciel inouïs, invraisemblables,
consolatoires.
L'existence est faite de clair-obscur. Ces arcs-en-ciel si présents ce jour-là délivraient sans doute un message: "Courage et espoir". C'est aussi ce que je te souhaite, de tout coeur. Bises alpines neigeuses.
RépondreSupprimerOui, suis d'accord avec toi : courage, espoir et beauté, aussi.
RépondreSupprimerNeigeuses, tes bises alpines, déjà? Déjà, de la blancheur là-haut? La première neige a toujours quelque chose de magique...