Au sud, parmi les oliviers centenaires du Salento, la xylella poursuivait ses ravages. En remontant vers le nord, sur le chemin du Gargano, c'était l'homme qui avait commis toutes sortes d'exactions : des hordes saisonnières, telles des nuées de sauterelles, semblaient avoir tout chambardé sur leur passage; la mer, souillée, violentée, venait lécher ses plaies contre les rochers crasseux; à l'écart des itinéraires conseillés, les détritus étaient dispersés le long des routes, véritables décharges publiques, dépôts d'immondices et d'électroménagers, dégueulis des biens privés sur
le domaine public.
De toutes les émotions ressenties là-bas, il émerge le souvenir d’une intense tristesse, laquelle se transformait par moments en une sourde colère. Et cette colère se dissipait à la tombée du jour dans une profonde nostalgie, nostalgie d’un temps passé que je voulais idéaliser.
De toutes les émotions ressenties là-bas, il émerge le souvenir d’une intense tristesse, laquelle se transformait par moments en une sourde colère. Et cette colère se dissipait à la tombée du jour dans une profonde nostalgie, nostalgie d’un temps passé que je voulais idéaliser.
Et puis, il y avait eu l’enfant. Le bel enfant aux grands yeux bleus qui vivait dans la masseria triste. Douze mois. Le regard fuyant. Le corps privé de
tonus. Les gestes saccadés. L’enfant qui lacérait la nuit de ses cris stridents. Et il y avait eu aussi sa mère, avec ses sautes d’humeurs, son
comportement étrange, frisant par moments l'incorrection. Sa mère qui devait sans doute se faire à l’idée d’être la
mère de cet enfant et n’y parvenait pas, Sa mère qui avait encore besoin de temps et d'énergie vitale. Sa mère qui, à chaque petit déjeuner, la mine cernée, nous parlait au conditionnel passé de ses projets.
Le deuxième jour, les quatre jeunes Polonais étaient partis, exaspérés par l’atmosphère des lieux. Dans sa précipitation, l’un d’eux
nous avait bousculés sans s’excuser, tout à sa hâte de jeter ses valises dans la
voiture pour rejoindre une station balnéaire des environs.
Nous étions restés. Malgré tout. Je me souviens, R. avait dit : ce ne sont pas des vacances. C’est un
voyage.
J'adore la nuance entre vacances et voyage...
RépondreSupprimerSaisissante en te lisant !
¸¸.•*¨*• ☆
Oui, la nuance est importante. Quand les gens racontent leurs souvenirs, la nuance émerge rapidement. Je me souviens d'une amie partie en Haiti, revenue avec un projet d'adoption, quel voyage pour elle! Le voyage dé-range. Et c'est tant mieux. Notre vie a besoin d'être dé-rangée par moments. Passe une excellente journée, Célestine! D.
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