vendredi 4 octobre 2019

Vivre : raccommodages



Madonna del Parto (détail ange) / Piero della Francesca / Monterchi

Comment l'été a-t-il pu passer si rapidement ? Trois mois sans messages et voici qu'enfin je reçois de ses nouvelles. Après des années de déchirantes frustrations et de lancinantes interrogations (achevées par une hospitalisation en urgence), elle avait osé faire le pas et s'en aller. Or, voici qu'elle m'annonce être en train de se rabibocher.
Elle écrit : Suis-je en train de récupérer la relation ? De la ravauder ? De la recycler ? De la transformer ? De la transcender ? De fermer les yeux sur les moments difficiles ou de les ouvrir sur une autre réalité ? Je ne sais.
En attendant de la revoir, grand étonnement de ma part. Je me perds en conjectures : à soixante ans, est-il trop tard pour les risques, manque-t-on de souffle ou d'énergie ? A-t-on davantage peur de la nouveauté que des souffrances auxquelles on est habituée ? A-t-on vraiment plus à perdre qu'à gagner ?
Seule certitude parmi tant de perplexité : l'amitié n'a jamais à juger.

6 commentaires:

  1. Peut-être que la relation a évolué, peut-être ont-ils réussi à se parler? Et peut-être qu'effectivement, quand on atteint un certain âge, on n'ose moins. Mais tu conclues très bien: il ne faut pas juger. Sans doute qu'elle va t'expliquer des choses, peut-être ne vas-tu pas comprendre, mais elle aura besoin d'une écoute puisqu'elle te contacte. C'est cela l'amitié: être là mais ne pas toujours comprendre et surtout, ne pas juger. Bises alpines.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je doute que cette relation de trois décennies, dont elle s'est si souvent plainte, ait évolué. Mais tu as raison : notre amitié, qui a plus de trente ans, peut tout entendre. Même ce que je crains le plus : les décisions résignées. Beau WE, ma chère Dédé (ce matin un peu frisquette balade par 4 degrés, j'imagine que sur les cimes la neige va montrer le bout de son nez ?)

      Supprimer
  2. En te lisant, je repense à cette phrase que tu as écrite
    "Ne laisse pas derrière ta porte quelqu'un qui a besoin de toi."

    L'inconnu fait toujours peur, et pourtant cela se passe toujours mieux que tout ce que nous avions pu imaginer.
    L'Amitié est trop importante, pour ne pas la cultiver et la laisser se perdre
    :-)

    RépondreSupprimer
  3. Pas sûre, pour le "mieux que ce qu'on imaginait". En revanche, pour l'expérience que j'en ai, les choses se passent toujours "autrement qu'on pensait", ça c'est sûr. Et puis, l'inconnu, même s'il fait peur, doit être affronté. La vie exige de découvrir des chemins non balisés.
    Pas question, naturellement, de perdre cette amitié : on s'est connues il y a très très longtemps, une traversée de longue durée : on s'est fâchées, on s'est jalousées (je trouve qu'elle peint très bien et elle envie mes dessins), on a affronté des divergences et des incompréhensions, mais le fil a toujours tenu bon. Bon WE, Pascal.

    RépondreSupprimer
  4. Je sais ce que c'est puisque j'entretiens une amitié de plus de 50 ans (ciel, nous n'étions que des gamines !) avec C. Nous avons connu des périodes d'éloignement, de ruptures. Encore dernièrement une tension. Nous n'avons pas du tout le même caractère, elle ne mâche pas ses mots, elle parle franco, je suis plus dans la retenue et la douceur. Mais je pense que notre amitié a encore de belles années devant elle, malgré quelques grincements de dents encore dernièrement...
    Bonne soirée, ma chère, et un doux et beau week-end.

    RépondreSupprimer
  5. Il y a des amitiés qui passent, qui nous traversent et il y a des amitiés inusables. J'ai une paire de bottines comme ça, cuir épais, griffées, défiant les modes et les années, capables de tout affronter, la pluie, les chemins caillouteux et... moments de tension. J'en ai de plus jolies, de plus élégantes, mais celles-ci peuvent tout supporter. Oui, il y a des amitiés tout-terrain et dans un monde où tant de choses changent et évoluent, elles font du bien. Bon WE.

    RépondreSupprimer