Altichiero / Crucifixion (détail) / Oratorio San Giorgio / Padoue
Il
arrive, une bouteille de Chianti dans une main et une tablette dans l’autre. Pendant
la cuisson des pâtes, il entreprend de nous montrer en images son récent voyage.
La noble entreprise où il officie offre régulièrement à ses cadres des « congés
de développement ». Il a donc choisi de partir découvrir Bombay et ses environs,
le temps d’une semaine, avec deux ou trois connaissances de son milieu
professionnel. Au programme, des visites guidées : Bollywood (naturellement),
un bidonville (sous la houlette d'une ONG), un « village » voisin (comportant
un million d’habitants), ainsi que les grottes d’Elephanta (on ne peut pas louper ça). Le tout bien
encadré ficelé du début à la fin.
Le
doigt glisse. Les images défilent, certaines exceptionnellement belles, vu
leurs sujets exotiques et colorés.
On
passe d’un hôtel cinq étoiles pourvu de piscine, à une vache maigrissime
broutant dans une mer de plastique; puis on découvre un vendeur de citrons
ambulant disposant le soir venu sa couchette directement sur le trottoir; le
même, le matin suivant, faisant sa toilette à une borne (photographié en plongée depuis le balcon d’une chambre climatisée). Se succèdent sur
l’écran : des repas alléchants ; des ordures entassées ; des
visages souriants, des visages décharnés; un mariage avec cinq cent
invités ; les toits du bidonville, en tôle, en carton, en rien; des
trains bondés ; les gens marchant
dans des immondices et traversant négligemment les rails ; des lessives
qui sèchent et frôlent les convois; une circulation infernale aux heures de
pointe ; des pêcheurs partant au petit matin sur une étendue bleu
tendre; des vieillards procédant à leurs ablutions matinales ; des enfants
se disputant pour être sur l’image.
La pauvreté, la misère. La beauté. Des regards
intenses. Des contrastes inouïs.
Le
tout en six jours. Je demande : Un
tel voyage devait être éprouvant ? Emouvant ? Troublant ?
Epuisant ?
Pas
le moins du monde : les gens là-bas acceptent les choses comme elles sont.
On ne perçoit aucune tension. Ils prennent volontiers la pose. Et, pour une
somme très raisonnable, on peut voyager en business, dormir dans un lit à
l’escale de Dubai, retrouver sans trop de fatigue son existence et son confort familier.
Ah !
Coucou. Je comprends ton désarroi. Pour être revenue dernièrement d'un périple dont je fais état sur mon blog d'ailleurs, j'ai été effarée de voir comment les touristes peuvent se mettre dans une bulle quand ils sont en visite pour ne pas voir la vraie réalité des choses. C'est parfois écoeurant...
RépondreSupprimerBises dominicales.
Incroyable et écoeurant...
RépondreSupprimerEncore un avatar de notre société de la facilité qui s'achète tout azimuts...
Bisous dad
¸¸.•*¨*• ☆
>> Je le connais assez bien : il ne s'agit ni d'une personne cynique, inculte ou mal informée. je me demande comme toi si notre société de consommation ne tend pas à nous faire entrer dans des fonctionnements insensés et à les accepter comme "normaux". Aaaaaaaaaah!
RépondreSupprimer