Les trois Hollandaises / Pablo Picasso / Musées Picasso / Paris
Ici, c'est "bonjour" évidemment, à tout le monde, tout le temps. "Bonjour" est le troisième mot qu'apprennent les enfants, juste après "papa" et "maman".
Même dans la ville la plus proche (30'000 habitants), il n'est pas rare que des inconnus sur les trottoir se saluent très aimablement. Ce n'est pas de la politesse, attention, ce n'est pas une obligation, c'est une manière d'être qui semble la plus profitable à un maximum de gens.
En ville, justement : il arrive souvent que celui qui a la priorité laisse passer celui qui devrait la lui céder. Et ceux qui sont invités, ainsi, à traverser hors des passages cloutés, ou à passer en premier se mettent à remercier chaleureusement (ça ne s'est pas encore produit, mais je ne serais pas étonnée si un jour quelqu'un remerciait quelqu'un d'autre de l'avoir remercié : tout peut arriver).
Ici, on parle aux toxicos qui zonent devant la gare. Ici, pas besoin de trop ragoter, on a trop à partager. Ici, on est rarement habillé dernier cri, mais confortable et durable. Ici, en cas de malentendu, c'est toujours l'interprétation la plus positive qui est retenue. Ici, on réagit vivement en entendant une personne s'emporter contre un enfant, contre un chien, contre tout être vivant. Ici, on vit, c'est vrai, plus lentement, on se presse rarement, on échange sur la pluie et le beau temps. On vit en mode province, mais non sans interconnexions, on est relié aux grandes villes des environs. Il y a seulement qu'ici est un lieu sans grands soucis, sans grands faits d'armes dans le passé, sans grandes attractions dans le présent. Ce n'est pas par effort mental, et encore moins par désir de suivre une tendance, c'est par un tranquille bon sens qu'on illustre quotidiennement l'expression en bonne intelligence.
En province comme partout ailleurs
RépondreSupprimerla violence se cache parfois
derrières une façade idyllique
j'en ai souvent fait l'amer découverte
Dans ce billet, il n'est pas question d'enjoliver la nature humaine en province (la nature humaine est ce qu'elle est, où que ce soit, et Flaubert, ou Chabrol, pour ne citer qu'eux, l'ont passablement épinglée, je crois). J'ai écrit sur des manières de se connecter aux autres, au cours de la vie quotidienne la plus banale, dans un pays en paix, sans grandes tensions. Ce sont des manières qui peuvent augmenter notre qualité de vie. Quand la chaussée est trop étroite pour croiser en voiture, il y a deux manières de faire : estimer qu'on a la priorité, éventuellement qu'on ferait une "faveur" à l'autre en le laissant passer avant nous, ou alors se ranger, le laisser passer avec un sourire. En agissant ainsi, on perd... quoi? 30 secondes? grand maximum ? Mais on injecte dans la relation ce je ne sais quoi qui fait qu'après, l'autre sera heureux de nous rendre la pareille. Et même s'il ne le fait pas, qu'importe, on aura laissé une trace qu'une autre manière de faire est possible. J'ai bcp travaillé dernièrement sur les questions de voisinage. Que de gens se plaignent de leurs voisins ! Ils gagneraient aussi à se demander quels voisins ils sont pour les autres. Que font-ils pour huiler les rouages ? Les méchants, les "cons", ce seraient forcément toujours les Autres ? Est-ce vraiment possible ?
SupprimerNous sommes importants (une minuscule importance) mais nous sommes importants dans la société où nous vivons, où nous sommes tous acteurs. D'où ma gratitude pour ces minuscules bulles d'humanité qui circulent, ici, ou ailleurs, et qui rendent la vie plus fluide et... plus intelligente.
Convivialité ou savoir vivre ?
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