Affreschi / Sala dei cavalli / Palazzo Te / Mantova
La femme aux trois chiens (dont un braque pourvu d'un caractère particulièrement fougueux) s'est mise à parler tandis que nous longions le champs couvert de givre. Elle a commencé par dire qu'elle habitait au bord du lac et moins d'une demie-heure après, tandis que nous bouclions le circuit, elle m'avait raconté une bonne tranche de sa vie. Puis elle a tenu à me présenter ses trois chevaux : une jument de 29 ans (la classe et pas mal de prestance malgré le poids des années), une élégante alezane au regard aussi franc que celui de ses montagnes et sa jeune pouliche (qui avait une drôle de flammèche blanche sous son toupet).
Tandis que je flattais ces bêtes ouvertes et sensibles, j'écoutais la femme et je la regardais. Je me disais qu'elle pourrait devenir non pas une amie (ce genre d’appellation étant en ce qui me concerne hautement contrôlée), mais une connaissance intelligente avec qui échanger. J'aimais l'entendre dire qu'elle avait quitté sa lumineuse métropole parce qu'elle aimait galoper dans le brouillard (et j'appréciais qu'elle me propose de rendre visite aux chevaux à volonté).
Je m'étonnais ensuite que tant de gens se livrent si facilement, spontanément, sans me connaître. J'en sais généralement beaucoup plus sur leur vie qu'ils ne connaissent la mienne. Je me suis demandé pourquoi. L'aptitude à écouter, sans doute. L'intérêt et le désir de comprendre, qui sont presque obsessionnels chez moi. Ils doivent sentir (à juste titre) que jamais aucun secret ou ni aucune confidence ne saurait filtrer à travers ma personne. Mais surtout, naïvement, les gens croient que quand vous respirez calmement, que vous leur portez une attention bienveillante et que vos habits sont bien coupés, votre vie est lisse et sans aspérités. Ils pensent que vous ne pouvez avoir aucun problème particulier, aucun rêve secret à caresser, aucune peine de cœur, aucune rupture en instance ou passée. Ils ne voient qu'une grande disponibilité, et il leur paraît naturel de pouvoir en bénéficier.
Entre jeter des perles aux pourceaux et accorder sa confiance en toute sécurité, il y a un fossé dans lequel certains se jettent avec volupté. J'aime mieux pour ma part patienter, les yeux grand ouverts, et regarder longuement les chevaux s'élancer.
Peut-être qu'il est plus facile de se confier à une personne que l'on ne connaît pas mais qui respire l'écoute et la bienveillance ? :-)
RépondreSupprimerBonne soirée, Dad, et un beau dimanche.
Ce que tu dis est vrai pour des inconnus qui sont destinés à rester des inconnus (des gens qui se rencontrent dans des trains, ou à l'étranger).
SupprimerC'est plus complexe quand il s'agit d'une relation en train de se mettre en place dans la durée. Quand tu sais que tu vas revoir la personne. Quand tu sais que la personne que tu ne connais pas, tu vas être amenée à la fréquenter. Et qui plus est, dans un village où beaucoup de gens sont amenés à se croiser.
Mon hypothèse, c'est plutôt que les gens qui ont des contacts étroits avec les animaux, sont plus directs et francs (que ce soit en positif ou en négatif du reste). Les relations humaines dites "sociales" sont beaucoup plus alambiquées. En général.
Passe une très belle soirée, Françoise.
Certaine personne portent la confiance et l'empathie en elle,
RépondreSupprimeret elles le rayonnent autour d'elle, pour qui sait le voir.
Et c'est sans compter sur le pouvoir des animaux
qui sont aussi de formidables entremetteurs.
:-)
Ah que les animaux soient de formidables entremetteurs, c'est bien vrai! Ils nous poussent au-delà de notre zone de confort, nous font dépasser notre timidité.
SupprimerPS : je suis passée tout à l'heure à Romans, en remontant de Provence, je voulais aller au 1083. Hélas! Ils sont fermés le lundi. Zut zut et rezut, moi qui me réjouissais d'aller découvrir leurs productions. Ce sera pour la prochaine fois.