vendredi 7 février 2020

Vivre : coexistences


Sainte famille avec bergers (détail) / cercle de Filippino Lippi / Florence / Petit-Palais / Avignon


Nous voisinons. C'est évident : nous sommes sans cesse amenés à voisiner. 
Voisins du haut, voisins d'en bas, voisins d'en face. Mais... 
trouver la bonne distance et la juste solidarité : quelle difficulté!

(Inspiré de la lecture  "Voisinages. Vers une coexistence humaine" d'Hélène L'Heuillet)

4 commentaires:

  1. Bonjour Dad. Nous vivons dans une société très ambivalente aujourd'hui. On se demande comment considérer les voisins, comment avoir de bonnes relations de voisinage tout en gardant une distance respectable avec lui et en même temps, on voit fleurir " des fêtes de voisins" dans lesquelles on crée, le temps d'une soirée, une sorte d'illusion du "vivre-ensemble". Vivre ensemble, les uns à côté des autres, tout en gardant son jardin secret, ses aspirations, sans se sentir happé par l'autre, par les autres. Tout un programme! Cela vaut pour les voisins mais également dans les relations d'amitié.
    Les vraies amitiés sont celles qui permettent aux protagonistes de se comprendre sans se juger,de pouvoir garder une distance quand il le faut, quand le besoin s'en fait sentir tout en gardant intacte la notion de "partage" dans un respect mutuel.

    En même temps, sur les réseaux sociaux, on étale les détails de nos vies, sans mettre aucune distance, comme si on cherchait la compréhension des autres alors qu'ils ne savent pas grand-chose de nous et qu'on ne les connaît pas non plus. On voudrait que la distance s'atténue à travers l'écran alors qu'en réalité, elle est énorme.

    Oui, vivre aujourd'hui dans une telle société demande des réajustements permanents et oui, combien est-ce difficile d'évoluer sans se faire du mal et sans faire du mal aux autres, voisins, amis, collègues ou autres.

    Bonne fin de semaine.

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    1. Oui, le thème du voisinage donne à réfléchir (quand il est pris au sens premier, mais aussi dans un sens plus large et métaphorique du terme). Ce qu'Hélène L'Heuillet ajoutait dans une interview, c'est que nous sommes habitués à porter sur nos voisins un regard (pas toujours bienveillant), à les évaluer en fonction de nos propres valeurs et besoins, et que nous pourrions renverser ce phénomène en nous questionnant : "quels voisins sommes-nous pour ceux qui nous font face ? comment peuvent-ils nous percevoir, que leur apportons-nous?" Nous, qui sommes peut-être dans le jugement vis- à-vis d'eux, comment nous comportons-nous à leur égard?". Répondre à ces questions peut être intéressant, parce que ça ouvre des perspectives sur nos comportements, loin de l'angélisme et du "forcément bien" vivre ensemble.
      Tu parles de distance et effectivement H.L. prône une certaine réserve. Donc, pas de recherche assidue de chaleur, de partage, de monde bisounours, mais une recherche honnête des meilleures relations possibles, sachant que nous sommes tous différents ET interdépendants, et que la perfection n'est pas atteignable, et certainement pas toujours, tout le temps.
      Quant aux réseaux sociaux, vaste question qui me fait penser à ce qu'on disait autrefois de la télévision : nuisible ou émancipatrice ? J'aurais envie de répondre pour les premiers comme pour la seconde : les deux, mon général. Les RS sont ce que nous en faisons. Ils interrogent notre manière d'exercer notre libre-arbitre. Ils peuvent être voués à la communication et à l'information, favoriser les échanges, aider à établir des liens et à nous sentir plus solidaires. Ils peuvent aussi être source de terribles addictions, être broyeurs d'énergie et de temps, nous happer loin de la "vraie" vie, càd de nos voisins les plus immédiats, qui auraient là, juste, besoin de nous. Ils peuvent générer des mouvements solidaires puissants et être affreusement destructeurs pour les plus fragiles d'entre nous. L'image la plus évocatrice qui me vient, ce sont tous les arcs-en-ciels que personne ne voit parce que tout le monde est penché sur son écran!
      Comme pour tout moyen technologique entre nos mains, ils nous forcent à répondre à la question : est-ce qu'ils contribuent à nous faire grandir, à accroître notre humanité ou bien est-ce qu'ils nous asservissent et nous détournent du plus important ? Le plus important (à chacun d'y répondre pour lui-même) c'est peut-être d'être présents à la vie, cette vie banale et extraordinaire dont nous disposons, pour en faire qqch de créatif et de lumineux, chacun à notre manière. Faire avec les écrans, ne pas nous laisser distraire par eux : tout un programme, effectivement.

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  2. « trouver la bonne distance et la juste solidarité » Nous sommes peut-être chanceux, mais je pense que nous avons cette bonne distance et juste solidarité avec nos voisins. Nous avons avec eux de bonnes relations, il n'y a jamais eu de problèmes quelconques. Je croise les doigts pour que cela dure ! :-)

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    1. H.L. précisait que les rapports de bon voisinage font partie intégrante de la qualité de vie. Savoir voisiner est sans doute une des meilleures pharmacopées! Pas évident, pas forcément gagné, mais excellent pour un scénario de vie gagnant!

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