vendredi 3 avril 2020

Vivre : let it be / 20

Auguste Rodin / Exposition Le Drapé / MBA / Lyon

il en est qui
courant habituellement, une course effrénée d'une activité à une autre, se penchant sans cesse sur leurs écrans, n'ayant jamais le temps, en quête de possessions, de pouvoir, en quête d'argent, ne prêtant jamais attention à la moindre fleur, au moindre sourire (ne prêtant jamais la moindre attention aux gens), toujours pressés, allant de distraction en distraction,
ayant su dénicher un masque performant, le portant et l'exhibant, s'alarment soudain d'entendre tousser, s'affolent soudain à l'idée qu'eux-mêmes puissent se mettre à tousser, tomber malades, puissent se retrouver alités, voire en arrivent à se découvrir en péril, paraissent tout d'un coup tenir pour infiniment précieuse cette vie qu'ils semblaient pourtant ne cesser d'esquiver jusqu'ici
il en est qui
jusqu'à hier pourtant, décrivaient les avantages de la ville et de ses amusements, ricanaient légèrement, se disaient incapables de résider si loin de tout ce qui vibre et cultive vraiment 
et qui à présent jettent des regards de reproche et se plaignent et traitent de nantis ceux qui ont opté pour cette vie dont ils n'auraient jamais, ô grand jamais, voulu, avant
il en est qui
se pressent pour s'emparer, pour être sûrs de ne point manquer, pour prendre plus que leur part en prenant part à la course aux courses folles, et qui se voient confirmés dans leurs pires craintes quand ce dont ils s'emparent si goulûment vient à manquer soudainement

il en est enfin qui
gardent leur regard solaire, parlent peu, à bon escient et partent à l'autre bout du pays où le devoir les appelle, n'ayant prévu aucun hôtel, et s'apprêtent à trouver dans leur voiture transport et confort, et avancent résolument faisant simplement ce qu'ils ont à faire, simplement ce qu'ils ont à faire...

2 commentaires:

  1. Ton texte, très bien écrit et organisé, est une juste illustration des deux grandes options qui, finalement, sont offertes est possible à chaque humain. (Même si cela semble un peu manichéen).
    Soit je me laisse mener par mes peurs et/ou mes envies e Corée t attirances du moment ; soit je suis fidèle aux invitations persistantes de ma conscience profonde là où je me sens appelé à vivre et servir.
    Tu parles du « devoir ». C'est exact : le « devoir – être – moi », c'est-à-dire mettre en œuvre mes dynamismes positifs essentiels. Car la conscience appelle toujours l'engagement constructif.
    On a tendance à opposer le « savoir être » et le « savoir-faire ». On pourrait peut-être en faire la synthèse : une sorte de « savoir – devoir – être » : un savoir être en acte.
    Merci beaucoup pour ce beau texte à la fois éclairant et non jugeant.

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    1. Tu as parfaitement raison : le savoir-être et le savoir-faire sont intimement liés (le second découlant du premier, en quelque sorte : la mise en œuvre du premier). Aucune opposition, mais les deux faces d'une même médaille.
      Quant à juger... pas de temps à perdre : il y a tant à observer et tant de leçons à tirer.
      Belle soirée (ici : coucher de soleil gris perle sur lac pâle et village embrumé)

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