A la fenêtre du sous-sol / George A.Reid / Collection Power Corporation du Canada
Dernièrement, Laure Adler a reproposé une série d'interviews de Peter Handke, pour certaines enregistrées il y a près de dix ans. La dernière date de décembre dernier, quand l'écrivain autrichien, installé depuis deux décennies dans les Hauts-de-Seine, s'apprêtait à aller recevoir son prix Nobel.
En guise d'illustration sonore, des fragments de son discours à Stockholm ont été diffusés. P. Handke y parle de ses sources d'inspiration, de ce coin de Carinthie (au sud de l'Autriche où vit une minorité slovène) d'où était originaire sa mère, de cette culture villageoise qui l'a profondément marqué. Il a, en cette occasion, cité des extraits de "Par les villages", une pièce écrite en 1981, mise en scène par Wim Wenders au Festival de Salzburg, l'année suivante. Elle a été présentée à Avignon en 2013 (c'est la version française la plus récente). Ses mots poétiques et simples disent ce qui est primordial à ses yeux, : la nature, les gens de la terre, leurs leçons essentielles. L'hommage d'un homme de 77 ans aux racines dans lesquelles il ne cesse de puiser. Le style est limpide, les phrases courtes. Il appartient à chacun d'aller déceler toute la profondeur du poème dramatique avec ses propres expériences et sa propre interprétation. Un véritable jeu créatif entre l'auteur et son lecteur / spectateur.
Ce prochain été, les éditions Gallimard sortiront dans leur collection Quarto la majeure partie des œuvres de cet auteur original, droit, taiseux, difficile d'accès et controversé. Le discours du Nobel devrait y être intégré.
En guise d'illustration sonore, des fragments de son discours à Stockholm ont été diffusés. P. Handke y parle de ses sources d'inspiration, de ce coin de Carinthie (au sud de l'Autriche où vit une minorité slovène) d'où était originaire sa mère, de cette culture villageoise qui l'a profondément marqué. Il a, en cette occasion, cité des extraits de "Par les villages", une pièce écrite en 1981, mise en scène par Wim Wenders au Festival de Salzburg, l'année suivante. Elle a été présentée à Avignon en 2013 (c'est la version française la plus récente). Ses mots poétiques et simples disent ce qui est primordial à ses yeux, : la nature, les gens de la terre, leurs leçons essentielles. L'hommage d'un homme de 77 ans aux racines dans lesquelles il ne cesse de puiser. Le style est limpide, les phrases courtes. Il appartient à chacun d'aller déceler toute la profondeur du poème dramatique avec ses propres expériences et sa propre interprétation. Un véritable jeu créatif entre l'auteur et son lecteur / spectateur.
Ce prochain été, les éditions Gallimard sortiront dans leur collection Quarto la majeure partie des œuvres de cet auteur original, droit, taiseux, difficile d'accès et controversé. Le discours du Nobel devrait y être intégré.
Joue le jeu. Ne sois pas le personnage principal. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin et méprise la victoire. N'observe pas, ne scrute pas, mais reste prêt pour les signes. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, fous-toi du drame du destin, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis.
Renforcez le présent pacifique et montrez la tranquillité des survivants. Ce qui de loin semblait une tête de mort menaçante se révèle en s'approchant un jeu d’enfant. Secouez votre lit millénaire. Négligez les sceptiques loin de l’enfance. N’attendez pas une nouvelle guerre: les vrais pacifiques sont ceux qui sont en face de la nature.
Ne montrez pas à vos descendants le profil du diable. La maison de la force est dans le visage de l’autre. Ici et maintenant est le festival de gratitude. Ne laissez donc pas dire de vous que vous n’avez pas profité de la paix: laissez votre travail faire des merveilles, faites-le passer. Mais seuls ceux qui aiment le transmettent: n’en aimer qu’un, cela suffit à tous. En t’aimant, je m’éveille à moi-même. Même lorsque la plupart ne peuvent pas être édifiés, soyez édifiants. Détournez vos yeux des créatures bestiales à deux pattes. Être réel. Suivez la musique de la caravane. Marchez jusqu’à ce que les lignes de fuite émergent de l’enchevêtrement confus, si lentement que le monde redevienne le vôtre, si lentement qu’il devienne clair comme il t’appartient. Oui, gardez toujours vos distances par rapport au pouvoir qui se présente comme un pouvoir. Ne vous plaignez pas que vous êtes seul – soyez encore plus seul. Passez le bruissement. Décrivez l’horizon, de peur que la beauté ne se dissolve à nouveau. Décrivez-vous les images de la vie. Ce qui était bon mérite d’exister. Prenez votre temps et soyez créatif: transformez vos soupirs inexplicables en chansons puissantes.
La nature est la seule promesse qui vaille. Bien sur elle ne peut être ni refuge ni issue, mais elle donne la mesure. Cette mesure il faut la prendre tous les jours.
A un certain moment, la journaliste le chicane pour sa tendance à ne
plus vouloir rien acheter, à raccommoder et lui demande s'il va se
rendre à la cérémonie avec une chemise rapiécée. Qui aime bien chicane
bien, sans doute, mais L.A. qui sait non seulement lire et comprendre les
textes de Handke, elle sait nous les faire aimer. Elle ne peut en revanche accepter le fait que l'écrivain
ait non seulement soutenu la cause serbe, se soit non seulement rendu
aux funérailles de Milosevic, mais n'en arrive pas à revenir sur ses
prises de positions, ne fasse pas son mea culpa. Cependant, il
apparaît que plus Handke est critiqué, voire diffamé, et plus il
persiste et se mure dans ses opinions. De toutes ses facettes, c'est l'homme de poésie, le créateur imperturbable qui retient de plein droit mon admiration.
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