mardi 14 avril 2020

Lire : (dés)ordonnancements


Étagères avec livres / Giuseppe Maria Crespi /Palazzo Fava / Bologne


Il est des gens admirablement doués qui
les classent par thématiques, par genre, ou par auteur
les trient par langue ou par époque
les rangent bien alignés, les dépoussièrent, les exhibent
en font des éléments de décoration, au mètre, dans leur salon ou leur corridor.

Je n'ai jamais réussi. Encore une fois, ces derniers jours, je me suis demandé comment faire. Mais je ne saurais jamais comment m'y prendre. Chez moi, les livres se déploient dans un désordre alphabétique, forment des tours de Babel, s'amoncèlent autour de ma méridienne. Ils s'empilent près du fauteuil qui fait face à la forêt. Ils occupent une bibliothèque derrière le petit bureau rouge et règnent sur deux parois dans la cave. Ils sont dispersés autour de mon lit, attendent dans l'entrée de retourner à la médiathèque, patientent au fond d'un sac avant d'être confiés à la boîte aux échanges. Ils s'insinuent dans les longues files d'albums et de DVDs. Ils vivent leur vie, autonomes et libres. Enfants de Bohème, ils ne connaissent aucune autre loi que celle du désir.

Mais le plus extraordinaire dans tout ce fatras : quand j'en cherche un, qu'il me le faut absolument, tout oublié, perdu de vue ou caché qu'il soit, en cinq minutes pas une de plus, il se retrouve sous mes doigts.

2 commentaires:

  1. Je me retrouve dans ce que tu dis, Dad. J'ai essayé pourtant de les classer, mais non... ils sont indisciplinés, et c'est ainsi que je les aime ! :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Indisciplinés, les tiens aussi ? J'imagine qu'il y a des bouquins comme ça : on ne parviens pas à en faire façon! Non-conformistes, incapables de se conformer, mais conformes à nos désirs d'évasion, c'est l'essentiel!

      Supprimer