dimanche 5 avril 2020

Vivre : jours de lenteur



Descente des Limbes (détail) / Bronzino / Santa Croce / Florence

Étonnant comme, en période de deuil et de confinement, on voit les natures se révéler au grand jour. Il y a ceux dont on connaissait la beauté et dont la beauté reste présente, se déroule en continuité, avec constance. Il y a ceux dont la beauté nous est longtemps restée cachée (dont nous n'avions pas su voir les attraits) et apparaît à découvert par des gestes en apparence insignifiants, mais qui justement, à présent, prennent tout leur sens et leur importance. On se dit que les gestes n'ont pas besoin d'être grandiloquents pour être grands. On se réjouit de pouvoir ouvrir enfin les yeux (et on s'en veut quand même un peu). Il y a ceux dont la beauté et la noblesse se tapit obstinément. Ceux qui disent ce qu'il faut dire quand il faut le dire, ceux qui se plient aux normes, aux consignes et aux usages, ceux qui restent fades, petits et inconsistants à travers des gestes fades, petits et inconsistants. Il y a aussi quelques mesquins, de tout petits, qu'on voit à peine, qu'on ne voit pas, parce qu'au fond, il n'y a rien à voir et qu'on passe tout droit.
Oui, en période de deuil et de confinement, les regards s'ouvrent, les scènes s'éclairent. On est peu de chose, définitivement, mais dans ce peu il peut y avoir du beau et du grand. 

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