Firenze / ponte alla Carraia
Curieux, cette année, comme on a eu envie - ou besoin - d'arriver au solstice, comme si l'on était pressée de clore pour atteindre une trêve. On se surprend à entamer le bilan de façon prématurée et inhabituelle. Ce fut une année où l'on a cherché à opposer silence et authenticité à un monde ressenti comme sombre et ravagé. Ce faisant on réalise qu'on a accompli pas mal de choses durant les douze mois écoulés. Beaucoup de choses, mais aucune réalisation spectaculaire. Rien qui puisse apparaître comme remarquable ou conquérant. Des choses modestes, des choses si simples qu'on n'aurait même pas songé à les relever durant les précédentes années.
On a réaménagé une chambre, tout y a pris sa place avec évidence dans un mélange de lumière et de clarté. On s'est procuré le nécessaire, on a exclu le superflu, il en est ressorti toutes sortes d'énergies, des énergies qu'on fait circuler dans le sens de l'harmonie. On réalise qu'on n'a pas ouvert la plus petite boîte de conserve, et qu'on a dévissé un nombre vraiment dérisoire de bouteilles en polyester. On n'a connu aucun jour de maladie et très peu fréquenté les pharmacies. Et ainsi de suite, la feuille se remplit de multiples points lumineux et gagnants, qui tendent tous vers la même
direction : une stabilité à laquelle on aspirait, un mental préservé, des refus d'entrer dans des danses où l'on n'a aucun goût à tourner.
S'ajoutent la découverte miraculeuse de personnes inspirées, la compagnie des arbres et l'évitement des sentiers balisés, des moments où l'on s'est auto congratulée.
Parmi les cadeaux reçus : les luxes absolus de l'espace et de la lumière, le gazouillis d'une rivière, les notes de musiques souveraines, des textes et des mots qui nous étaient nécessaires. On a laissé partir ceux dont les présences ne faisaient plus sens, on a accepté les sourires qui remplaçaient ces absences. On a trouvé son port, que l'on regagne à chaque retour d'îles secrètes et florissantes, d'où l'on regarde (de très loin) les Costa Croisières en partance.
Une année, on le sait, n'est ni bonne ni mauvaise. Une année est ce que l'on en fait, et c'est ce qu'on en fait qui lui donne sa consistance.
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