Scènes de la vie de Saint-Matthieu / prédelle / Orcagna / Galleria degli Uffizi / Firenze
En pénétrant dans ce débit de tabac pour se procurer quatre tickets d'autobus, on est frappée par le nombre de gens dans une si petite boutique : un couple assis dans un coin à une table ronde, trois clients debout, deux autres occupés avec la buraliste. Et toutes ces personnes comme aimantées par une télévision fixée à l'une de parois. On se demande quel match peut se dérouler en semaine à cette heure de la journée. Du football ? Une coupe de tennis qu'on aurait négligée ? Pas un couronnement, tout de même ? Ni l'enterrement d'une tête couronnée ? En attendant que les tickets soient imprimés, on lève la tête et l'on aperçoit le tirage silencieux d'une loterie. Difficile de décrire les visages scotchés au poste, porteurs d'espoir crispé et d'attente fébrile. Difficile d'imaginer combien de frustrations et de défaites tiennent au fil des numéros qui l'un après l'autre s'affichent en rouge à l'écran.
Dans un même mouvement, et très très légèrement, les têtes s'abaissent, les épaules s'affaissent, comme une défaite, et sept silhouettes s'en vont l'une après l'autre retrouver la grisaille des jours ordinaires que le soleil criard ne sait défaire.
***
A la caisse de la librairie Feltrinelli, au cœur de la ville sertie de mille illuminations, le vendeur s'est mis à nous parler. Il nous a expliqué que son fils footballeur avait failli être engagé par un club de Lugano, lequel lui avait proposé 200'000 francs suisses par année, mais que le jeune a refusé le contrat parce qu'il exigeait aussi un appartement et une voiture de fonction et qu'on les lui avait refusés.
En sortant, R. m'a demandé : tu crois qu'il se moquait de nous ? J'ai hésité. Peut-être. Peut-être pas. Mais à vrai dire, je m'en fichais un peu, du type et de ce qu'il nous avait raconté. Les histoires de football ne sont pas ma tasse de thé. J'étais entrée pour un livre et je l'avais trouvé. En revanche, cette librairie est située au centre des rues marchandes les plus chics. C'est un lieu habituellement clinquant, mais encore plus clinquant à l'approche de Noël, quand, entre les berlines avec chauffeur et les enseignes de luxe, entre les chiffres annoncés et les cartes dégainées, on aurait aisément le sentiment d'être secoués comme dans une boule de neige et dans ces conditions il y avait probablement de quoi perdre tout sens de la mesure, perdre la tête, perdre ses facultés et perdre enfin toute notion des réalités.
En sortant, R. m'a demandé : tu crois qu'il se moquait de nous ? J'ai hésité. Peut-être. Peut-être pas. Mais à vrai dire, je m'en fichais un peu, du type et de ce qu'il nous avait raconté. Les histoires de football ne sont pas ma tasse de thé. J'étais entrée pour un livre et je l'avais trouvé. En revanche, cette librairie est située au centre des rues marchandes les plus chics. C'est un lieu habituellement clinquant, mais encore plus clinquant à l'approche de Noël, quand, entre les berlines avec chauffeur et les enseignes de luxe, entre les chiffres annoncés et les cartes dégainées, on aurait aisément le sentiment d'être secoués comme dans une boule de neige et dans ces conditions il y avait probablement de quoi perdre tout sens de la mesure, perdre la tête, perdre ses facultés et perdre enfin toute notion des réalités.
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