lundi 25 février 2019

Vivre : Still life / 62




Les clefs de la mobilité. Je quitte cette maison par trois moyens : mes pieds, mon vélo et ma vieille auto. 
J'aime prendre la clef des champs, croisant parfois des êtres en chemin, chaperonnée par le lac et la forêt. Des kilomètres à la ronde qui me lavent le cerveau, m'allument le regard et musclent mes mollets.
J'aime enfourcher mon vélo (électrique) et sa clef m'assure qu'au retour je serai soulagée d'une pénible remontée, prix à payer pour une vue époustouflante à 230 degrés.
Quant à ma bonne vieille Volvo, sa clef, modèle 1989, d'une désarmante simplicité, m'inspire la plus grande tendresse. Aujourd'hui, les clefs sont munies de télécommandes, de puces, de codages. Elles allument les phares à distance pour qu'on puisse repérer son automobile sans la confondre avec toutes les autres voitures alignées, blanches ou noires ou gris métallisé. Parfois, ma bonne vieille caisse étant un brin capricieuse, la portière ne s'ouvre pas. J'essaie alors d'entrer par la gauche, en sachant très bien qu'au pire des cas, je pourrai toujours passer par le coffre, vu que ma voiture s'obstine, dans un accès de sénilité, à ne plus vouloir le fermer.
Sans ces clefs, je me trouverais bien empruntée. Je me sentirais limitée. J'aime la campagne, elle me procure des joies indicibles. Mais je ne saurais y trouver un équilibre sans mettre régulièrement la clef sous la porte, partir respirer un autre air, l'air pollué de la ville, avec ses racolages, ses bruits et ses indispensables stimuli.
Ainsi, j'ai toujours besoin de partir. Pour mieux revenir ici. Quant à la clef de la maison, c'est dans un lieu confondant de naïveté qu'elle est toujours cachée.

8 commentaires:

  1. Sous le paillasson ? :)
    Un délice de texte... ton obstination à t'introduire dans la Volvo par le coffre, m'a fait mourir de rire :D mais dand l'état dont tu la décris, tu peux la laisser ouverte en permanence :D (je taquine)
    C'est une chance de pouvoir alterner ville et campagne, même que je préfère la dernière :)
    Bonne journée, Dad. Bise vélocipède :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas… de paillasson. Mais la clef n'a pas besoin d'être planquée. Je vis dans un de ces endroits bénis où des anges merveilleux veillent sur les humains, les oiseaux et les fleurs. Ma vieille Volvo, c'est vrai, aucun risque qu'elle soit volée. Difficile de ne pas être repéré dans ce modèle rouge et suranné. Quant à la dérober pour faire un casse, ce serait vivement déconseillé : on trouve mieux pour prendre la fuite. Même des gendarmes en tricycle risqueraient de la rattraper.
      La campagne… la forêt… le lac… je ne pourrais vivre ailleurs qu'ici. La ville, je ne saurais plus y habiter, trop bruyante, trop broyeuse d'énergies, mais… les espaces culturels, les impulsions, les librairies, j'en ai besoin aussi. Bises lacustres!

      Supprimer
  2. Bon, je crois que c'est facile de rentrer chez toi ou dans ta vieille Volvo. :-))
    Je préfère 100 fois la campagne ou la montagne à la ville, qui me stresse et me rend bien souvent angoissée. On ne se change pas facilement. Bises de plaine très ensoleillées.

    RépondreSupprimer
  3. Ah! Ma chance, c'est que, dans mon adorable vieille Volvo, personne ne veut y rentrer (pas assez de standing et de gadgets). Pour moi, elle roule, et ça me suffit. Elle a tous les signes intérieurs de richesse : un volant, un frein, un allume-cigare, tout le confort quoi! Comme toi, je préfère la campagne, et les grandes villes, c'est vrai, provoquent parfois chez moi des moments d'angoisse que je ne sais trop m'expliquer : sans doute l'agression des bruits, l'inhumanité et l'indifférence envers les plus démunis, les écarts choquants, le luxe démesuré. Mais … j'ai quand même besoin d'y retourner pour toutes ses impulsions et ses offres (je pourrai jamais échanger une bonne librairie contre le site d'Amazon!!!) Bon lundi, chère Dédé

    RépondreSupprimer
  4. Tout comme toi, Dad, je vis à la campagne, j'aime y vivre, j'aime son air pur, sa tranquillité, j'aime son silence, j'aime le chant des oiseaux, j'aime ses arbres, ses forêts, ses rivières. Mais j'ai besoin moi aussi d'aller voir ailleurs de temps en temps, faire un petit tour en ville, voir du monde, me noyer un peu dans la foule, m'arrêter à une terrasse de café, voir des expos, aller au cinéma. Mais combien je suis heureuse ensuite de rentrer chez moi ! Quant à mes clefs de mobilité, je ne dispose que de mes pieds ou de ma voiture, ce n'est déjà pas si mal, le vélo je n'ai pas de très bons souvenirs avec lui, alors je m'abstiens. :-)
    Belle soirée à toi, Dad. Bises.

    RépondreSupprimer
  5. Oh! Pénible expérience en vélo ? Une amie a fait une mauvaise chute il y a six mois, avec opérations à la clef, et elle vient tout juste de pouvoir reprendre le travail. Je comprends que tu t'abstiennes. Vivre à la campagne, tout en pouvant bénéficier de temps en temps des propositions de la ville, c'est vraiment vraiment pas mal! Remarque, je connais des gens qui font le contraire et qui sont ravis également! J'imagine la joie de tes petits-enfants, quand ils peuvent venir te rendre visite. Des souvenirs qu'ils ne sont pas près d'oublier. Belle soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, une chute à 20 ans qui m'a laissé quelques cicatrices. :-(
      J'en ai refait depuis, mais je ne peux pas dire que je sois très à l'aise, surtout dans les descentes.
      Oui, mes petits-fils sont ravis, et au moins ils respirent quelques jours l'air pur ! Bien souvent, ils arrivent à la maison avec un rhum, et ils repartent guéris ! :-)

      Supprimer
    2. (rire) avec un rhume je voulais dire ! ;-)

      Supprimer